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Qu’est-ce que tu fais pour les vacances vertes ?
vendredi, 29 juin 2012 / Justine Boulo /

Née au bout de la Loire, un pied dans l’Atlantique, l’autre embourbé dans la terre, elle s’intéresse aux piafs et aux hortensias, observe ses voisins paysans et leurs élevages bovins. Elle enrage devant les marées noires. Licenciée en lettres, elle sort diplômée de l’Institut pratique du journalisme de Paris en avril 2012. Elle scrute les passerelles qui lient les hommes à leurs terres. Parce que raconter la planète, c’est écrire au-delà des pommes bio et du recyclage de papier.

Se la couler douce en restant solidaire. Des congés éthiques et écolos, c’est possible. Voici comment prendre le large sans se noyer.

Georgette et Lucienne voudraient bien profiter de leur retraite et se dorer au soleil à l’autre bout du monde, sans pour autant suivre les pas du milliard de voyageurs annuels dans le monde. Etre ballotées dans le bus du tour-opérateur pour finir la soirée autour d’un punch tiède, c’est niet ! Le couple veut découvrir les cultures locales autrement qu’à travers un Kodak jetable. Et, surtout, donner un sens à son voyage. Un clic sur le site Laroute-dessens.org et la solution apparaît. Via cette association, 22 % du montant du voyage est destiné aux populations qui accueillent les visiteurs et 6 % est reversé à des projets locaux. Pas négligeable quand on sait que 60 % à 80 % des recettes mondiales du tourisme – la première industrie de la planète – reviennent encore aux pays du Nord.

Entre les meules de foin

Même palier, porte droite, leur voisin Guy attend avec impatience son congé… solidaire. Il est comme ça, Guy, toujours prêt à donner de son temps. Mais, sur le site Planete-urgence.org, il réalise que devenir bienfaiteur coûte… 1 645 euros. Aïe ! Heureusement, son entreprise est partenaire. Du coup, sa boîte profite d’une défiscalisation et soutient financièrement le projet de son salarié. Guy n’aura qu’à acheter son billet d’avion, le reste est pris en charge. En juillet, il part deux semaines animer un centre pour enfants à Madagascar. Etage du dessus, Blaise fouille ses poches. C’est la fin des haricots côté finances. Et alors ? Le jeunot est bien décidé à partir aux frais de la princesse. Merci le « woofing » ! Pas de château à l’horizon, mais une ferme. Dans l’annuaire de Wwoof.fr, une ribambelle d’agriculteurs, de viticulteurs ou même de particuliers qui possèdent une ferme familiale, accueillent des inconnus sous leur toit. En France comme à l’étranger. Un seul mot d’ordre ici : on fait de l’agriculture bio ou raisonnée ! En échange d’une demi-journée à repiquer les tomates, Blaise sera nourri et logé.

Sa colocataire Marguerite est jalouse. Elle voudrait, elle aussi, partir à la campagne, mais pas pour bosser ! Un panel de possibilités s’offre à elle. Pour 10 à 25 euros maximum, elle peut dégoter une chambrette entre les meules de foin. Sur Accueil-paysan.com, la jeune femme a repéré une yourte mongole au milieu des pêchers, à Montaulieu, dans la Drôme (30 euros la nuit). Quoiqu’à bien y réfléchir, une rando dans les Cévennes la tente aussi… Mais le camping sauvage, c’est pas toujours sympa pour la nature. Avec Gites-panda.fr, elle est assurée d’atterrir chez des hôtes respectueux de l’environnement, qui ont reçu le label du WWF. Elle évitera bien sûr de générer trop de déchets, moins en tout cas que la moyenne mondiale : 1,5 kg de détritus par jour et par personne (sans compter une consommation d’eau jusqu’à quatre fois plus importante qu’à la maison !). Seul souci pour Marguerite : son copain Firmin, la campagne, ça le botte moyen. C’est un citadin dans l’âme… même si l’anonymat d’un hôtel l’assomme ! Il a pensé à troquer son appartement contre un autre à Rome, via Echangedemaison.com. Zéro frais. Il suffit de faire confiance aux inconnus et de ne pas oublier le brin de rangement avant le départ. Il peut aussi s’inviter directement chez des gens. Sur Couchsurfing.org, les particuliers cèdent leur canapé au visiteur et en échange, la personne accueillie s’engage à loger un touriste chez elle. On rencontre les habitants du coin… et on dégote des bons plans.

Perchés dans les arbres

Mais inutile de négocier : en vérité, Marguerite, ce qui la fait rêver, ce sont les gîtes de charme avec repas bios, toilettes sèches, eau récupérée, toit végétal, douche solaire… Le livre Eco-lodges : les plus beaux hôtels écologiques de France, de Marie Lorrain et Matyas Le Brun (éd. Eyrolles, 2009), recense des perles comme la ferme des Gachets, à Cordéac, dans l’Isère (30 euros la nuit). Et puisque c’est son anniversaire le 31 juillet, elle s’offrirait bien la cabane « Au fil de soi », perchée dans les arbres, à Issamoulenc, en Ardèche (110 euros la nuit à deux). Et voilà maintenant que sa sœur s’y met. Et Sokhna a des arguments qui laissent sans voix le Roméo. Parce que, à la campagne, les activités insolites regorgent dans les coins paumés qu’on aime tant. Exemple : la semaine de randonnée à dos d’âne en Ariège, avec l’équipe Oxalys, à Montseron. Le curieux peut même apprendre à cultiver un potager, faire son fromage de brebis et son pain, lors d’un stage à la ferme agroécologique des Amanins, dans la Drôme.

Paris pas en reste

Mais pour Sokhna, cet été, c’est direction Paris ! Ecolo, elle est aussi fashion victim ! Elle profitera du parcours « Ethic Ethnic » qui relie les boutiques de fringues équitables et les créateurs, responsables. Après les soldes, elle dormira dans le « premier hôtel vraiment écologique de Paris », le Solar Hôtel. Au menu : panneaux solaires, récupérateur d’eau, composteur et petit déjeuner 100 % bio (69 euros la nuit). Ce qui va lui manquer ? Son panier de légumes hebdomadaire de l’Amap. Pas de panique. « La Maison POS » déballe chaque matin, dans le XIe arrondissement, des produits bios ou non traités (fruits et légumes, charcuterie, fromages…), en direct du producteur. Sokhna est ravie et se met à chanter l’hymne de tous les étés verts : « Vacances, j’oublie rien ! » —

- Le site de La Route des sens

- Le site d’Accueil paysan

- Le site du Solar Hôtel

- Le site de la « Maison POS »