https://www.terraeco.net/spip.php?article44539
Cycle de vie
vendredi, 29 juin 2012 / Anne de Malleray

Waste Land, De Lucy Walker, 1 DVD, Zylo 19,90 euros.

Le 1er juin, Jardim Gramacho, la plus vaste décharge d’Amérique latine – 130 hectares et 60 mètres de haut – a été définitivement close (lire aussi ici). Ouverte en 1976 sur une mangrove au bord de la baie de Rio de Janeiro, au Brésil, elle menace de s’écrouler dans la mer. Pendant des années, un ballet de camions a déversé, chaque jour, 700 tonnes de déchets, que les catadores, les chiffonniers de la décharge, triaient. Ils revendaient ensuite les matières premières – plastiques, métaux, papiers – à des intermédiaires. Ils étaient 1 603 à Jardim Gramacho, et certains y ont passé leur vie entière. Waste Land, tourné en 2006, raconte le projet sur place de Vik Muniz, artiste brésilien installé à New York, aux Etats-Unis.

Connu pour ses œuvres réalisées à partir de matières organiques (sucre, ketchup, confiture…), il décide d’explorer la fin du cycle de vie des matériaux et, pendant un an, investit Jardim Gramacho. Le documentaire retrace toute l’aventure, depuis la rencontre de Vik Muniz avec les catadores dont il tire le portrait (pour reproduire ensuite leurs traits à partir de déchets !) jusqu’à la salle des ventes, où l’un d’entre eux est adjugé plusieurs milliers de dollars, reversés au modèle. Ce recyclage artistique est un geste à la fois humanitaire et militant. Tel un alchimiste, l’artiste métamorphose la boue en or, sur une terre lunaire et stérile où tout le monde est en survie. Au-delà du projet artistique, le documentaire narre l’histoire des catadores présents dans les œuvres de Muniz : le jeune militant syndical, lecteur des livres de Machiavel qu’il a trouvés parmi les déchets, la cuisinière qui nourrit les travailleurs grâce aux ordures, la jeune femme coquette qui préfère la décharge à la prostitution… Autant de résistants en milieu hostile. —


AUTRES IMAGES

JPEG - 25.1 ko
120 x 180 pixels