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Rio + 20, Rio pour rien
vendredi, 22 juin 2012 / Walter Bouvais /

Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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A Rio de Janeiro, vingt ans après les promesses du premier Sommet de la Terre, ce n’est pas à un concert des nations engagées sur le chemin d’un authentique développement soutenable que nous avons assisté. Ce n’est pas l’enthousiasme, la responsabilité et la détermination à relever le plus grand défi de l’histoire que nous avons vus. Une fois de plus, la « communauté internationale » s’est contentée du plus petit dénominateur commun. Exit, l’Organisation mondiale de l’environnement. Oubliés, les engagements chiffrés. Et, puisque le ridicule ne tue pas, on a pu tranquillement recycler les Objectifs du millénaire sur l’éradication de la pauvreté en 2015, en Objectifs pour le développement durable.

Signés en 2000, ils n’auront – bien entendu – pas été tenus. La déclaration de Rio + 20, ce n’est en définitive qu’un triste parchemin signant le triomphe d’une époque : celle du consensus mou. Tout engagement a été réduit au rang de promesse vague et sans lendemain, emballé dans un langage aussi lisse qu’un dialogue de série télévisée pour adolescents. Après l’échec du sommet sur le climat de Copenhague en décembre 2009, Rio + 20 sonne évidemment le glas des grands-messes internationales. Pour y avoir cru comme tout le monde, il faut bien reconnaître qu’elles ne sont en réalité qu’un théâtre. Avec le recul, imaginer que Rio + 20 puisse changer le cours de l’humanité, c’était aussi naïf que croire qu’un G8 nous sortirait de la crise financière.

Le théâtre des marionnettes

Certes, cette prise de conscience n’est pas réjouissante. Mais, puisqu’il faut inventer les solutions positives pour changer le monde, autant bien savoir sur qui l’on peut compter ou pas. En l’occurrence, la régulation internationale des crises – financière, climatique, alimentaire – est aux abonnés absents, parce qu’une partie du monde refuse de questionner ses pratiques et rejette toute idée de régulation, au nom de la protection des libertés individuelles poussée jusqu’à l’absurde. Résultat, des centaines de milliards d’euros potentiels dorment dans des paradis fiscaux.

Et l’on objecte à l’autre partie de l’humanité, celle qui n’a encore accès ni à l’eau, ni à la santé, ni à l’éducation, que les caisses sont vides. Restent, heureusement, les forces de la société civile. A elle de mener son bout de chemin, de s’organiser, d’inventer les nouvelles voies que les politiques n’auront jamais l’audace d’enfanter. Changer le monde commence par changer la vie, ici et maintenant. —