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L’éthique au pas de course
lundi, 30 mars 2009 / Hélène Duvigneau , / David Maire

Marathonien, Loïc Pollet voulait transpirer écolo. A l’arrivée, cela donne Sébola, une jeune griffe lilloise de tenues écoconçues.

Qui pratique assidûment la course à pied n’accorde guère d’attention à son image, et encore moins aux auréoles qui, inévitablement, se forment sous les aisselles. Après avoir longtemps joggé dans le même uniforme, genre T-shirts-collants moulants, Loïc Pollet, 39 ans et marathonien globe-trotter, a décidé de révolutionner la mode de la course pour en faire quelque chose de sexy.

Employé dans le textile à Lille, il fut, pendant sept ans, un spectateur privilégié de l’ascension et du déclin de bon nombre de marques. Avant de comprendre que la clé de la réussite tenait d’abord au degré d’innovation des produits. En 2005, il s’associe avec Philippe de Cagny, ex-dirigeant d’une société de vente à distance, et imagine une tenue de sport, pantalon, T-shirt, sweat, branchée et éthique. Sébola est née. « Une marque française, avec un accent sur le “e” », précise-t-il.

Du fil à retordre

Dans un Nord industriel plutôt sinistré, le pari est osé. Peu importe. L’idée est là : allier technique, environnement et esthétisme. Pourtant, à l’entendre, chaque étape du projet lui a donné du fil à retordre. Notamment lorsqu’il a fallu dénicher un textile suffisamment respirant pour couvrir les épaules des marathoniens. Après avoir mené des tests sur différents matériaux, dont la fibre de bambou, les deux associés tombent sur la perle rare : une matière en polyester recyclé fabriquée au Japon. « C’est une fibre pure conçue selon un processus spécifique qui permet de mieux évacuer la transpiration et l’odeur », explique Loïc Pollet. Quant à la confection, garantie 100 % française, elle est réalisée dans un atelier roubaisien de 30 personnes. C’est aussi une jeune graphiste et styliste de la région lilloise, Knapfla, qui a dessiné le logo de Sébola et les silhouettes qui estampillent les vêtements.

Repérage en Turquie

Et comme Sébola n’entend pas habilller que les sportifs, la marque a mis au point une seconde ligne : une gamme de vêtements life style. Pour trouver le fournisseur abonné au coton bio, un petit voyage de repérage hors frontières s’imposait. Chose faite en novembre 2008, en Turquie, dans la région d’Izmir. « Nous avons passé en revue toute la chaîne de fabrication du coton bio, de la récolte à la filature », raconte Loïc Pollet.

Label oblige, les artisans de Sébola n’ont rien laissé au hasard. Mais désireux d’aller plus loin, les partenaires ont également opté pour l’écoconception. « Nous avons compris que l’exigence, aujourd’hui, en terme d’écologie, nécessitait d’analyser l’ensemble du cycle de vie des produits. A quoi ça sert de fabriquer un T-shirt en coton bio s’il faut le transporter depuis la Chine ? » Une dizaine d’indicateurs au total ont été disséqués par un bureau d’ingénieurs spécialisés : épuisement des ressources naturelles, effet de serre, consommation d’énergie… Tout ceci a nécessité un investissement de 16 000 euros, financé en partie par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Le prix de l’effort

Résultat : courir avec un T-shirt Sébola, c’est aider la planète à respirer. Sur l’ensemble de son cycle de vie, il affiche une réduction de 23 % pour la toxicité de l’air, de 19 % pour l’acidification de l’air et de 12 % pour l’effet de serre comparé à un T-shirt classique. Les efforts de la marque ont été récompensés l’an passé lors de l’Ethical Fashion Show, le grand rendez-vous de la mode éthique.

- La marque Sebola


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