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Raoni : « Le Brésil ne respecte pas les droits des peuples indigènes »
lundi, 18 juin 2012 / Anne Vigna

Dans les coulisses de Rio+20, on croise des délégués, des membres d’association, des personnalités. Aujourd’hui, Raoni, chef de la nation Kayapo, venu dénoncer le projet d’un barrage sur les terres indiennes.

Raoni est l’un des grands chefs du peuple des Kayapos. Il est une figure emblématique de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne et de la culture indigène.

Terra eco : Pourquoi êtes-vous venu à Rio + 20 ?

Raoni : Je suis venu dénoncer la politique criminelle du gouvernement brésilien. Je suis venu pour dire aux dirigeants du monde que le Brésil ne respecte pas les droits des peuples indigènes, ne les consulte pas avant tout projet sur leur territoire. Le Brésil s’est engagé à nous respecter devant les Nations unies (à travers la Déclaration des Nations unies sur les peuples indigènes, ndlr) mais dans la pratique rien ne se passe ainsi. La preuve : le barrage de Belo Monte se construit alors que les peuples indigènes s’y opposent depuis des années

La construction de Belo Monte a commencé. Vous continuez quand même à lutter ?

Cela fait plus de trente ans que nous luttons contre la destruction de nos rivières qui sont pour nous absolument essentielles au maintien de notre mode de vie : nous dépendons des fleuves pour notre alimentation et notre eau, mais également pour nous déplacer. Nous luttons pour la survie de nos peuples et nous ne pouvons arrêter.

Qu’allez-vous faire concrètement contre ces projets de barrage ?

Belo Monte est le premier d’une série de barrages mais le gouvernement a beaucoup d’autres projets. Ici nous parlons, nous expliquons. Mais si le gouvernement poursuit ses projets, et n’entend pas notre voix, nous serons obligés de faire la guerre. Ce sera une lutte entre Indiens et hommes blancs. Nos forces sont bien moindres mais nous n’avons pas le choix.

Le contexte

Les travaux pour la construction du barrage de Belo Monte ont commencé. Crédit photo : Anne Vigna


Le permis de construction du barrage de Belo Monte sur le fleuve Xingu a été délivré il y a un an. Les travaux proprement dits ont débuté il y a quelques mois. Le barrage ne va pas inonder de terres indiennes mais va assécher près de 200 km de rivière dans la région de la Volta grande do Xingu, considérée comme un « monument fluvial » par les experts. Ces mêmes experts ont estimé que les peuples indiens qui vivent dans cette zone vont devoir quitter tôt ou tard leurs terres à cause du manque d’eau. L’entreprise responsable du barrage, « Electrobras », rétorque qu’un minimum d’eau sera détournée de la Volta grande mais jusqu’à présent, l’entreprise a été incapable de donner un chiffre réel. Le barrage devrait produire 11 000 MW d’électricité à l’horizon 2019.


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