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En Australie, on accueille les demandeurs d’asile à la maison
jeudi, 7 juin 2012
/ Hélène Pennaneac’h
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Du collaboratif dans les politiques migratoires. Il fallait y penser ! En Australie, une initiative permet d’associer les populations à l’accueil des demandeurs d’asile.
Un divorce, les enfants qui quittent le nid... et on se retrouve rapidement avec une chambre vide sur les bras, seul à la maison. Mais avez-vous déjà pensé à louer votre chambre à un demandeur d’asile ? En Australie, un organisme de séjour en famille d’accueil - l’Australian Homestay Network (AHN) - a créé un réseau pour mettre en relation hôtes australiens et demandeurs d’asile à leur sortie de centre de détention. Le principe est le même que pour placer des étudiants étrangers ou des jeunes filles au pair.
Amnesty International Australie, qui relaie l’information sur son site, estime que « ces personnes généreuses qui choisissent d’ouvrir leurs maisons à des demandeurs d’asile devraient être applaudies par tous les Australiens ». Il est vrai que la question des migrants reste sensible au pays des kangourous, même si le territoire est immense et le nombre d’entrants relativement faible - d’après le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), 11 510 demandes d’asile ont été enregistrées en Australie en 2011, un chiffre qui reste « gérable ».
Mais si, souvenez-vous, l’Australie a connu en 2011 des émeutes dans les centres de détention, suite au projet du gouvernement d’envoyer 800 demandeurs d’asile en Malaisie. Ces émeutes n’ont pas amélioré l’image des migrants au sein de la population australienne. Pire, le ressentiment envers les réfugiés a grandi quand les accords signés avec la Malaisie ont été déclarés illégaux.
Pour louer leur chambre, les personnes intéressées s’inscrivent sur internet et créent un profil avec une description détaillée de leur maison et de leur environnement. Puis, elles reçoivent une petite formation à l’accueil des réfugiés et passent un test en ligne. Ensuite, les hôtes s’engagent à héberger un migrant pendant six semaines au minimum, en échange d’un défraiement. En Australie, les demandeurs d’asile ayant obtenu un « visa de pont » (bridging visa), pendant que leur statut de réfugiés est examiné, peuvent prétendre à des allocations. Le défraiement est prélevé sur ces allocations.
Pour Jean-François Dubost, l’urgence est plutôt, dans l’Hexagone, de développer les places en centre d’accueil (Cada). Dans la revue Exils d’Amnesty international, le juriste n’hésite pas à parler de « dés-accueil » : « Aujourd’hui, il faut en moyenne aux demandeurs d’asile 12 à 18 mois pour avoir un statut. Au vu du décalage entre le nombre de places en Cada et le nombre de demandeurs en attente, il faut absolument développer le parc d’hébergement. »
Mais le spécialiste des droits d’asile trouve la démarche de l’AHN en Australie encourageante. « Développer une initiative collaborative en France comme celle-ci montrerait que les autorités s’engagent dans une approche de l’accueil des demandeurs d’asile plus positive, poursuit-il, ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent ! »
Reportage d’Al-Jazeera dans une famille d’accueil (en anglais)
En savoir plus
Sur la demande d’asile en Australie :
Le site de placement de l’Australian Homestay Network (AHN)
Le site du ministère de l’Immigration
Le site d’Amnesty Australie
Sur la demande d’asile en France :
Le site spécialisé d’Amnesty France defendonslasile.org
Le site de la Coordination française pour le droit d’asile (CFDA)
Le site de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA)