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Innocent concombre
jeudi, 24 mai 2012 / Miss Bouffe

Ce fut d’abord un faux pas diplomatique. Puis un lynchage médiatique. En ce funeste mois de mai 2011, le concombre allait devenir l’ennemi public n° 1. A Hambourg, en Allemagne, les autorités, confrontées à une épidémie mortelle de gastroentérite véhiculée par l’immonde bactérie Escherichia coli entérohémorragique, accusent les cucurbitacées andalouses. La presse internationale se déchaîne. « Faut-il avoir peur du concombre tueur ? », « Le concombre contaminé crée la psychose », titrent les journaux. Le 1er juin 2011, la Commission européenne dédouane le légume vert. Les soupçons se tournent vers la graine germée. Mais le mal est fait. La rumeur court.

Sur nos marchés, près d’un concombre sur deux est ibère. Même si son homologue français n’est pour rien dans cette sombre histoire, il est mis dans le même panier. Les amateurs de rondelles préfèrent renoncer. Pendant plusieurs jours, en plein cœur de la saison, plus personne n’achète de concombre. Le gouvernement néglige l’affaire légumière. Selon Jacques Rouchaussé, secrétaire général de Légumes de France, les producteurs de concombres, tomates et salades, ont perdu aux alentours de 30 millions d’euros en un mois. « Sur certaines exploitations, le déficit a atteint 130 000 euros par hectare : ces gens sont désormais très endettés », explique-t-il. Pour se refaire, un an plus tard, il faudra un bel été, un prix de vente honorable et une mémoire oublieuse des gros titres. —