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J’ai testé... le troc
dimanche, 1er mars 2009 / Laure Noualhat /

Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

, / Adrien Albert

Savoir se délester de ses vieilleries tout en évitant celles des autres, démasquer le profiteur… Confidences d’une « troc-donneuse ».

Le troc, c’est comme une histoire d’amour. Il faut que ça colle parfaitement entre les deux protagonistes pour qu’il y ait échange de fluides. Mais où trouver cet échangiste providentiel ? Le Web, véritable botte de foin virtuelle, permet de dégotter de belles aiguilles quand on cherche du pointu. C’est ce qu’a dû se dire Gilles lorsqu’il a posté son annonce sur www.gchangetout.com : « Donne magnifique chevalière en or contre belle tronçonneuse ». Le Web regorge aussi de « troc parties » thématiques par ville où les girls échangent du maquillage, des fringues…

Vous prendrez du 39 ? Au secours ! C’est dans la vraie vie que mes machins trouveront acquéreurs. Une « troc party » s’organise facilement. Mais mieux vaut s’appuyer sur un réseau actif d’amis, de voisins ou de cousins pour multiplier les possibles. On peut s’installer dans la rue, au bistrot, dans un parc, chez un commerçant-ami. C’est dans la boutique bio de mon quartier que j’ai convié des femmes taille 38-40 et pointure 39 à venir échanger leurs trésors de penderies. Partie avec des habits périmés, j’en suis revenue guillerette avec un short et des tee-shirts punks. « ça valait bien le coup de filer tes vieux trucs si c’était pour ramener de nouveaux vieux trucs… », a fielleusement noté celui qui partage ma vie. Le hic du troc, c’est qu’on ne dégorge pas forcément l’appartement, on entretient l’encombrement.

Le secret du saucisson brioché Pis, le troc implique que l’autre débarque muni d’un objet. Ce qui peut s’avérer désastreux avec les opportunistes déboulant avec chiffons à poussière ou bouquins en cyrillique sous le bras. A ce compte-là, autant faire péter la « bradontroc » qui cumule braderie à petits prix, don et troc. Sans réciprocité parfaite, on peut rester longtemps encombré(e). Pour preuve, ce parfum Hermès offert par une tante et tarifé 80 euros. Je ne voulais ni le vendre ni le donner mais en retirer quelque chose d’utile. Une carriole pour mon biclou, par exemple. Las ! On m’a proposé un DVD de Jim Carrey, une BD Jo Bar Team et une paire de talons aiguilles taille 38.

Plutôt que les objets, le troc de savoirs est souvent plus fructueux. Il se pratique dans des réseaux d’échanges réciproques de savoirs, nés dans les années 1970 et auxquels environ 40 00 Français sont addicts. C’est ainsi que j’ai montré à une grand-mère comment envoyer des e-mails à ses copines de bridge. En retour, elle m’a confié le secret de son saucisson brioché. Côté objets, j’ai abandonné le troc pour le don. Accro au site Freecycle, j’ai récupéré 6 verres à eau et me suis délestée d’un aspirateur de table, d’un iMac, de décos vieillottes, d’une tripotée de livres… Le don apprend à lâcher prise. Une thérapie contre l’accumulation qui me convient plutôt bien. —

Sites de troc et de don

- Digitroc

- Gchangetout

- Spécial filles

- Freecycle