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Environnement : « Ne pas rater le train de l’après-élection »
mercredi, 18 avril 2012 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Alors que s’achève la campagne, « Terra eco » invite des experts à dresser le bilan. Pour Stéphane Hallegatte le lien n’a pas été fait entre la crise et l’environnement. Mais il n’est pas trop tard.

Stéphane Hallegatte est économiste au CIRED (Centre international de recherche sur l’environnement et le développement) et ingénieur climatologue à Météo-France.

Terra eco : Nous arrivons au terme de la campagne. Que regrettez-vous ?

Je tire un bilan plus positif de cette campagne que beaucoup d’observateurs. Les candidats ont évoqué les grands dossiers, notamment le logement, la crise et la relance économique ou encore la nécessaire réforme fiscale. Je regrette cependant que jamais, hormis chez Eva Joly ou Jean-Luc Mélenchon, le lien n’ait été fait entre ces problématiques et l’environnement. Or, on ne peut avoir un débat sur le logement sans évoquer la forme de nos villes et notre dépendance à la voiture. De même, il ne faut pas être un environnementaliste acharné pour comprendre qu’on ne peut plus parler de croissance sans penser à l’environnement, en particulier sans penser au potentiel des industries environnementales. Le recyclage, la gestion des déchets et de l’eau, les énergies renouvelables sont autant de secteurs qui peuvent devenir des relais de croissance et des spécialités made in France à l’international. Dans chaque débat, l’environnement est resté dans un angle mort. C’est une occasion perdue.

Pensez-vous qu’il y a quelque chose à sauver dans cette campagne ?

Encore une fois, j’estime que des choses ont avancé pendant cette campagne. Des faux débats et de petites questions l’ont émaillée mais ils n’ont pas vraiment pris dans l’opinion. A l’inverse, de vrais débats ont été posés sur la table. Je pense notamment aux accords européens sur la croissance. Les positions des principaux candidats étaient très éloignées au début de la campagne et chacun a avancé depuis.

Quel est à votre sens le ou les défis urgents du prochain quinquennat ?

Il faut réussir à faire comprendre que l’environnement n’est pas un luxe que l’on se permet quand on en a les moyens ou quand tout va bien. Au contraire, il offre des solutions dans chacun des grands débats. Par exemple, les candidats devront s’attaquer au manque de logements en France. Et bien il faudra rappeler que nous devons certes construire plus mais qu’il faudra aussi construire mieux et au bon endroit, c’est-à-dire construire des logements qui consomment moins et qui sont accessibles en transport en commun. De même les candidats se sont engagés à une réforme fiscale, quelque chose de rare. Mais il ne faudra pas négliger ce que les taxes environnementales peuvent apporter : taxer l’énergie, c’est taxer moins le travail. C’est donc favoriser une économie plus efficace en terme énergétique et plus créatrice d’emplois. Dans tous ces domaines, il ne faudra pas rater le train de l’après-élection.




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