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Campagne : « La question énergétique a été mal abordée »
mardi, 17 avril 2012 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Alors que s’achève la campagne, Terra eco invite des experts à dresser le bilan. Pour Pierre Radanne, de Futur Facteur 4, les candidats ont raté le coche sur la question énergétique. Elle est, pourtant, une clé pour résoudre la crise.

Pierre Radanne, de Futur Facteur 4, est expert en politiques énergétiques.

Terra eco : Nous arrivons au terme de la campagne. Que regrettez-vous ?

Pierre Radanne : La question énergétique a été mal abordée. C’est la faute des politiques qui n’ont pas mis ces sujets au cœur de la campagne. C’est aussi le résultat d’un traitement médiatique qui a tendance à tout hacher menu, à tourner autour des petites phrases. Pourtant, l’an dernier, la France a affiché un déficit commercial de 62 milliards d’euros sur l’énergie. Une des réponses à la crise serait de garder l’argent « à la maison » en menant un programme d’efficacité énergétique, d’encouragement des renouvelables, de restructuration des transports.

L’idée répandue, c’est que toutes ces questions d’écologie et de développement durable sont du long terme. Tandis que la crise est un danger à court terme, c’est vrai. Mais ce qui n’est pas du tout entendu, c’est qu’une prise en charge au niveau énergétique aujourd’hui est la meilleure des réponses à court terme. Faire revenir des usines en France, c’est bien, mais ça ne se fera pas en un claquement de doigt. Alors qu’on peut décider d’isoler des logements dès maintenant. Et consommer moins d’énergie c’est transformer une dépense qui quitte le pays en emplois et donc en ressources fiscales ! Cette cohérence-là a été ratée dans la campagne. Il faut dire qu’on est parti de très loin. Sarkozy est, par exemple, absolument crispé sur une position favorable au nucléaire, ce qui conduit à abandonner toute autre discussion.

Pensez-vous à l’inverse qu’il y a quelque chose à sauver dans cette campagne ?

L’affaire n’est pas pliée. Certes, la conclusion à tirer n’est pas géniale mais après tout une campagne présidentielle n’est peut-être pas le bon endroit pour discuter de ce genre de choses, compte tenu des crispations et des enjeux électoraux. La question attendra sans doute l’après présidentielle. On pourra alors avoir un débat sérieux sur les moyens de résoudre la crise dans une tension moins forte.

Du coté d’Hollande, il y a un engagement sur un débat sur l’énergie à partir de l’automne. Mais cette question n’est pas encore apparente, elle n’a pas encore été clairement posée… C’est un débat qu’il ne faut pas seulement mener au niveau national mais territorial. Cela implique que différents métiers soient concernés, cela suppose un vrai mouvement, un engagement des acteurs économiques. Il faut aussi que le secteur bancaire comprenne la priorité de ces questions pour le pays. Il y a eu des bribes de ces choses-là dans le débat. Mais la présidentielle n’a pas permis de structurer la manière de faire, n’a pas montré de vraie trajectoire.

Quel est à votre sens le ou les défis urgents du prochain quinquennat ?

La question d’une réorientation économique du pays qui irait dans le sens d’un développement durable et diminuerait la dépense énergétique est essentielle. Le vrai problème économique de la France, c’est son déficit budgétaire, le déséquilibre de son commerce extérieur. On vend très peu et on achète alors qu’on n’a pas les ressources financières pour payer. Or, cette réorganisation va aussi dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des gens, du pouvoir d’achat.

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