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Le Vorarlberg, l’eldorado autrichien de l’habitat durable
jeudi, 19 avril 2012 / Emmanuelle Vibert

Cette région a (presque) inventé la maison passive et vise l’indépendance énergétique en 2050. Un paradis pour urbanistes écolos.

Dans ce land situé à l’extrême ouest de l’Autriche, les maisons cubiques, minimalistes et en bois – on compte plus de 500 bâtiments écolo-exemplaires – côtoient les chalets traditionnels. Bienvenue dans le Vorarlberg. Pour Dominique Gauzin-Müller, architecte française spécialiste de l’éco-habitat, c’est un nirvana professionnel : « J’ai trouvé sur ce territoire la concrétisation de ce que peut être une approche éco-responsable globale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, à l’échelle d’un bassin de population de taille raisonnable (371 000 habitants, ndlr) », écrit-elle dans (R)évolutions (Actes Sud, 2012). L’idée, issue d’une « intelligence collective », est simple et n’a pas endetté le land.

« Les centres de bourg ont été revitalisés, en rassemblant dans un même immeuble plusieurs fonctions : caserne de pompiers et centre culturel ; mairie, jardin d’enfants et épicerie, etc. », détaille l’architecte. Dans le bâtiment, l’usage de certaines pièces (salles de réunion, sanitaires) est partagé. « Cela permet de réduire l’emprise sur le sol, l’impact sur l’environnement et le coût de construction », poursuit Dominique Gauzin-Müller. « L’argent économisé est utilisé pour financer une isolation performante ou d’autres équipements écologiques comme les capteurs solaires. Des investissements sont aussi réalisés dans des infrastructures territoriales plus respectueuses de l’environnement : réseau de bus, pistes cyclables… »

Ecoles, stades, bâtiments industriels

La révolution verte de ce coin montagneux commence dans les années 1960, quand une poignée d’architectes se met à concevoir des maisons cubiques en bois, écolos et bon marché. Quand le mouvement prend de l’ampleur, dans les années 1980, l’Ordre des architectes autrichien tente de déclarer ces « cages à poules » hors la loi. S’ensuit une bataille juridique dont les Baukunstlers, les « artistes du bâtiment », sortiront vainqueurs, la renommée internationale en prime. Quelques années plus tard, ces rois de la Passivhaus (« maison passive ») construisent des écoles, des stades et des bâtiments industriels. Les pouvoirs publics n’ont plus rien à leur reprocher. Mieux, ils embrassent leur cause. En 1985, l’Institut de l’énergie est créé pour favoriser les énergies renouvelables et les économies. Et dès la fin de la décennie, des subventions pour l’habitat écolo sont distribuées. En 2008, le Vorarlberg vote l’inscription de la protection du climat dans sa constitution régionale. Le land vise l’indépendance énergétique avec 100 % de renouvelables en 2050 – aujourd’hui, environ un tiers de sa conso est verte. D’ici là, les Passivhaus risquent encore de pousser comme des champignons. —

Impact du projet

371 000 habitants en profitent

500 bâtiments écolo-exemplaires

- Le site du Vorarlberg