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Japon : polémique autour du redémarrage de 2 réacteurs
mardi, 17 avril 2012 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Alors qu’au lendemain de Fukushima, aucun réacteur nippon ne devait être remis en marche avant d’avoir démontré des capacités de résistance, le gouvernement veut en redémarrer 2, à la centrale d’Ohi. La mesure est très impopulaire.

Une levée de boucliers. C’est ainsi qu’a été accueilli le projet du gouvernement de redémarrer deux réacteurs de la centrale nucléaire d’Ohi, dans la préfecture de Fukui. Greenpeace a notamment organisé ce dimanche une manifestation devant le siège du gouvernement local pour demander aux autorités d’ « augmenter rapidement la capacité des énergies renouvelables et de laisser les centrales nucléaires fermées ».

Impopulaire, la mesure l’est aussi dans le cœur des Japonais. « Il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement a tellement hâte de redémarrer les réacteurs », a écrit dimanche le quotidien nippon Mainichi Shimbun, affirmant que des inspections plus minutieuses devaient être faites avant tout redémarrage. En effet, au lendemain de la catastrophe de Fukushima, il avait été décidé qu’aucun réacteur ne devrait être remis en service avant d’avoir montré sa capacité à résister à des événements exceptionnels tels que le tsunami de mars 2011.

Gonfler la part de l’énergie nucléaire à 53% d’ici à 2030

Résultat : portée par 54 réacteurs avant Fukushima, la puissance nucléaire japonaise se résume aujourd’hui à un seul réacteur en marche. Celui-ci devrait être mis à l’arrêt à son tour pour des opérations de maintenance à partir du 5 mai. Or, le Japon tirait jusqu’ici 30% de son électricité de l’énergie nucléaire et envisageait de gonfler cette part à 53% d’ici à 2030.

Aussi le gouvernement craint-il les black-out et aimerait accélérer le mouvement. La semaine passée, le ministre de l’Economie et de l’Industrie a visité la centrale d’Ohi et déclaré que deux des réacteurs répondaient « globalement » aux nouvelles normes de sûreté, a rapporté le Guardian.

Quelles sont les autres options pour le Japon ? Recourir aux énergies renouvelables ? Elles ne pèsent pour le moment que 1% dans le bouquet électrique. Economiser de l’énergie ? Les autorités ont déjà imposé aux grandes entreprises de Tokyo et du Tohoku, au nord-est, de réduire leur consommation de 5% à 15% pendant l’été, en abandonnant notamment la climatisation. Il a déjà demandé aussi aux particuliers de diminuer l’usage des appareils électriques. Reste le recours aux énergies fossiles. C’est la stratégie du moment : pour couvrir ses besoins, le Japon a largement augmenté ses importations de pétrole et de gaz naturel. De quoi menacer la promesse du gouvernement de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 25% en 2020.

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