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Le fil d’Ariane
jeudi, 19 avril 2012 / Anne de Malleray

Suite normande, d’Ariane Doublet. 4 DVD, Éditions Montparnasse, 45 euros

Dans l’ordre chronologique, cette suite normande, qui rassemble sept films, s’ouvre sur La Petite parade, court métrage réalisé en 1995 avec les habitants de Vattetot-sur-Mer (Seine-Maritime), village de la réalisatrice, perché sur les falaises du pays de Caux. Ce premier geste cinématographique contient déjà les motifs essentiels de l’œuvre d’Ariane Doublet, qui, depuis quinze ans, réalise des variations sur le même thème, la vie des agriculteurs cauchois, qu’elle filme en voisine, avec une complicité amusée. « Il y avait quinze fermes quand j’avais 14 ans, aujourd’hui, il n’en reste qu’une. Je trouvais qu’on enterrait le monde paysan un peu vite, c’est ce qui m’a poussée à faire ces films, un peu comme une tentative de retenir quelque chose. »

C’est ainsi qu’elle explique le choix de son sujet. En 1999, l’éclipse totale de soleil est le prétexte pour une chronique de la vie des agriculteurs de Vattetot, terriens qui n’attendent pas les phénomènes naturels hors du commun pour observer les mouvements de la lune et prêter une attention particulière à leur environnement. D’un film à l’autre, on retrouve des figures connues, comme Philippe Olivier, qui cultive 40 hectares avec sa femme et sa fille. Entre Les Terriens et La Maison neuve, tournée cinq ans plus tard, il est devenu veuf et abandonne son exploitation pour s’installer dans une petite maison. Le style d’Ariane Doublet, enthousiaste et volubile, tranche avec la nostalgie qui habite souvent les documentaires sur le monde paysan. Sans imposer d’ordre du jour, la réalisatrice laisse les mots venir, au fil de discussions et de situations quotidiennes. Hommage aux gens de la terre, cette suite joyeuse et entraînante raconte, l’air de rien, les transformations d’un monde en crise. —


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