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Des plantes en barbelés
vendredi, 30 mars 2012 / Julie Lallouët-Geffroy

La SNCF vient d’équiper les alentours de la gare Montparnasse avec des barbelés végétaux. Tout aussi efficaces que les pics métalliques, ils sont économiques et écologiques.

Finis les barrières, les barbelés qui font froid dans le dos. Place aux plantes épineuses, plus esthétiques mais tout aussi dissuasives. Un cocktail composé du poivrier chinois, de l’épine-vinette à Juliana, du rosier rubigineux ou du plus impressionnant le citronnier rustique. Quand ces plantes sont jeunes, elle font 1m50. Adultes, elles atteignent 3 mètres. Pour une clôture réussie, enlacez les branches : elles forment un maillage inviolable.

« Redoutable »

« Franchir un mur en béton avec une échelle prend une seconde. Si vous mettez une échelle au-dessus de nos haies, en une seconde vous vous enfoncez dedans. C’est redoutable », explique Daniel Soupe, le patron de Sinnoveg, l’entreprise à l’origine du concept de clôture végétale.

Si l’idée semble novatrice, elle est en fait vieille comme le monde. « La haie défensive existe depuis que les hommes sont sur Terre. Je suis fils de paysan. Depuis toujours, on a utilisé ces haies pour que le bétail ne soit pas attaqué. » L’homme est aussi pépiniériste. Et le concept lui est venu alors qu’il livrait des végétaux précieux aux collectivités locales. « C’était des spécimens magnifiques, rares et les gens les massacraient. Alors pour les protéger, j’ai installé des parterres d’arbustes, et ça a marché. »

« Verdure apaisante »

Sinnoveg équipe plusieurs gares, comme Ris-Orangis (Essonne), Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), Montparnasse (XVème arrondissement, Paris), et bientôt Trappes (Yvelines). Mais l’entreprise plante aussi ses haies autour de plusieurs centres de rétention administrative. Celui de Lyon-Saint-Exupéry, de Metz ou encore la prison pour mineurs de Meyzieu à Lyon. Il ne s’agit pas de remplacer les murs qui clôturent le centre pénitentiaire, mais de sécuriser l’accès à l’entrée. Une touche de verdure dans un monde de gris…

« Le problème des centres pénitentiaires, c’est qu’ils sont anxiogènes. Non seulement il y a la fonction du lieu, mais aussi le métal omniprésent qui crée des reflets. Bref, c’est agressif et ça angoisse les gens. Avec ces haies, plus efficaces que les barbelés classiques, cette verdure, visuellement, c’est apaisant. » L’entreprise est aussi habilitée par la Défense nationale pour sécuriser certains de ses sites. Enfin, elle se lance aujourd’hui à l’assaut des déchetteries.

L’écosystème se recrée

L’opération est particulièrement alléchante. Pour la SNCF, « c’est un coût de 100 000 euros pour le site Montparnasse, un site de 15 hectares », explique le service communication. « Les barrières métalliques peuvent être dégradées, rouillées, nous n’aurons pas ce problème avec ces plantes. »

Ces haies végétales n’ont pas besoin de produits chimiques, des bâches sont installées à leur pied pour éviter les mauvaises herbes, et le tour est joué. Du coup, un petit écosystème se recrée, « si l’espace environnant n’est pas polluant », rappelle Daniel Soupe. Mieux, ces plantes épineuses fleurissent. Résultat : on voit percer du vert, du jaune et du rose autour des gares et des prisons.