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La plateforme de Total, « forage de l’extrême », avait déjà beaucoup fui
mercredi, 28 mars 2012
/ Thibaut Schepman / Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir. |
La plateforme qui fuit depuis dimanche était le laboratoire et la vitrine de Total pour l’exploitation des hydrocarbures en grande profondeur. Mais des fuites avaient déjà entaché la production.
Quelle qu’en soit l’issue, la fuite de gaz survenue dimanche sur la plateforme gazière d’Elgin pèsera sur l’image et les projets du géant pétrolier français Total. Pas seulement parce que le réservoir Elgin-Franklin fournissait 7% du gaz produit au Royaume-Uni. Si bien que Total perd aujourd’hui entre 10 et 15 millions de dollars (entre 7,5 et 11 millions d’euros) par jour (perte de revenus, coûts d’intervention…). Pas seulement non plus parce que les investisseurs craignent un accident majeur à venir et que le titre de Total s’effondre en Bourse.
Cet accident est avant tout un coup dur pour Total parce qu’il survient sur la plateforme qui devait être la vitrine des projets d’avenir de l’entreprise. « Elgin-Franklin fera date dans l’histoire de l’industrie pétrolière », avançait ainsi Christophe de Margerie, alors directeur général « Exploration et production » et aujourd’hui pédégé de Total, dans la plaquette de présentation du projet diffusée en juillet 2002.
Comme l’ensemble des acteurs du secteur pétrolier, Total a parié massivement sur les hydrocarbures en « offshore profonds », c’est-à-dire le pétrole et le gaz situé à plusieurs kilomètres sous le niveau de la mer. Ces ressources ont longtemps été jugées inexploitables, tant le coût et la technologie nécessaires à leur exploitation sont importants. Mais la diminution des ressources dites conventionnelles d’hydrocarbures a changé la donne.
La date de sa mise en service - 2001 - figure ainsi parmi les trois étapes majeures de l’histoire du gaz naturel sur le site de l’entreprise [1]. L’entreprise relate par ailleurs l’« immense aventure industrielle » qu’a constitué l’exploitation du champ d’Elgin-Franklin et se réjouit : « Performance encore inégalée à ce jour, il s’agit du plus grand champ à haute pression et haute température du monde. »
Un responsable de Total, cité par Reuters, comparait le forage des premiers puits au percement d’un « trou dans une cocotte-minute placée au centre d’un four solaire ». « On construit de véritables cathédrales en mer du Nord », s’enthousiasmait également en 2009 Roland Festor, directeur général de la division « Exploration et production » de Total au Royaume-Uni (Total E&P UK) qui expliquait à l’agence AFP que « le Royaume-Uni, c’est le top de la technologie car on travaille dans des conditions de pression et de température qui n’ont pas d’égal dans le monde ».
Pourtant ces conditions peuvent entraîner des éruptions de gaz et empêchent d’installer « les systèmes électroniques d’analyse en temps réel des structures géologiques forées », lit-on sur le site de Total. En clair, les dispositifs de contrôle nécessaires pour une telle installation.
Et l’aventure du « forage de l’extrême » avait déjà été émaillée d’accidents. Dans des documents confidentiels consultés par le Guardian, la plateforme Elgin-Franklin figurait ainsi au second rang du palmarès pourtant bien fourni des plateformes ayant déversé le plus d’hydrocarbures dans la mer du Nord entre janvier 2009 et décembre 2010, comme le montre l’infographie du quotidien anglais que nous reproduisons ci-dessous :
Toujours plus profond : L’aventure du pétrole offshore qui passe par la Guyane et Marseille
Fuite sur une plateforme : inquiétudes et urgence pour Total
Cinq questions (et réponses) sur la fuite de gaz en mer du Nord
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