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Aéroport de Nantes : faut-il faire machine arrière ?
lundi, 26 mars 2012 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ? Il devrait bel et bien sortir de terre d’ici à 2017. Il n’empêche, certains candidats ne cachent pas leur opposition à ce chantier. Et vous qu’en pensez-vous ?

Plusieurs milliers de personnes - entre 3 000 et 10 000 selon les sources - ont manifesté, ce samedi à Nantes, contre le projet de nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui doit remplacer l’actuel aéroport de Nantes Atlantique, d’ici à 2017. Mais qu’importe. Le chantier est lancé et rien ne devrait le faire dérailler. Vinci, le concessionnaire, détient déjà un millier d’hectares en lieu et place du futur aéroport. Ne resterait que 200 hectares à acquérir auprès de propriétaires divers, soulignent Les Echos. Sur le terrain, le groupe aurait réalisé les premiers forages visant à explorer la qualité du sol. La construction des pistes est prévue pour 2014 et le chantier devrait être bouclé en 2017.

Pendant ce temps, les opposants poursuivent le combat. Ils ont déposé des recours devant le Conseil d’Etat sur le contrat de concession, le respect de la loi sur l’eau et le manque de mesures compensatoires de l’impact environnemental (mares, reboisement...). Un second recours devant la Cour de justice européenne a été engagé.

Le futur aéroport vu par Vinci :


Présentation du projet d’aéroport de Nantes en... par presseocean

Et vous, qu’en pensez-vous ? Faut-il poursuivre l’opposition ou jeter les armes ? Ou encore se réjouir de la construction de ce nouvel aéroport ?

Voici ce que chacun des candidats propose :


- François Hollande (PS) : En réponse à un électeur qui lui demandait sa position sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, François Hollande a rédigé un courrier publié sur le site Reporterre. Dans cette lettre adressée le 18 mars 2011, le député corrézien se dit « favorable au projet » mais reconnaît qu’il pose « des questions au niveau économique et écologique » et qu’il faut tenir compte « de l’avis des populations et des arguments des associations de défense ». Le 15 octobre, il avait réaffirmé son soutien dans les colonnes de « Ouest France » : « Je sais que ce projet crée une controverse depuis longtemps. J’ai questionné les élus. Quel que soit leur choix à la primaire, ils m’ont démontré que cet aéroport correspond à un vrai intérêt pour tout l’Ouest de la France ; que l’actuel aéroport soulève des problèmes de sécurité en obligeant les avions à survoler la ville de Nantes ; et que toutes les concertations ont pu être faites. Faire des gestes sur les conditions de sa construction, pourquoi pas ? Mais son principe et sa nécessité sont incontestables. », avait-il déclaré.

- François Bayrou : « Ce projet constitue un véritable gâchis financier. Il faut privilégier le train », déclarait en février 2010 le candidat du Modem lors d’une visite en Loire-Atlantique. Le blog du Modem dans la Sarthe enfonce le clou : il « dénonce le gâchis des financements publics et l’absence de pertinence économique du projet, tel que l’a démontré le bureau d’étude du cabinet néerlandais CE Delft qui fait autorité sur ce sujet. Les pouvoirs publics dominés par l’UMP-PS font valoir un projet qui va à l’encontre de la société à laquelle nos concitoyens aspirent pour faire face à la réduction inévitable du transport aérien dépendant de ressources en pétrole en voie d’épuisement. »

- Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) : « Je suis contre la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes », a déclaré le candidat de « Debout la République » à Greenpeace.

- Eva Joly (EELV) : « Ce projet est celui d’un autre âge, celui d’un modèle productiviste dépassé : avec les écologistes au pouvoir, il ne verra pas le jour », a déclaré la candidate à Greenpeace. Epineuse, la question de l’aéroport a failli faire capoter l’accord entre le PS et les Verts. Aujourd’hui, le point est toujours noté parmi les désaccords opposant les deux partis dans le texte d’union EELV-PS.

- Philippe Poutou (NPA) : « Le NPA veut voir se poursuivre cette unité dans les prochaines phases de la lutte contre ce projet écocidaire face à la raréfaction inéluctable des énergies fossiles et les dangers des émissions de gaz à effet de serre », peut-on lire dans un communiqué de presse en date du 13 juillet 2011.

- Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) : C’est un sujet qui fâche à gauche. Si le parti de gauche - dont est issu le candidat - est opposé à la construction de l’aéroport, son allié, le parti communiste le soutient. Du coup, comme sur la question nucléaire, Jean-Luc Mélenchon reste prudent et propose un moratoire, « le temps d’examiner la validité de la contre-étude » commandée par les élus opposants au projet.

- Jacques Cheminade (Solidarité et progrès) : « Je suis (…) partisan, grâce aux transports terrestres à grande vitesse, de type aérotrain et maglev, de réduire au maximum les vols continentaux de moins de 1500 kilomètres. La construction d’un aéroport comme Notre-Dame-des-Landes correspondrait ainsi à une conception dépassée du transport à laquelle je m’oppose. »

- Sauf erreur de notre part, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et Nathalie Arthaud ne se sont pas positionnés publiquement sur le sujet. Mais Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy, a plusieurs fois défendu le projet. Dans une interview à La Vie en novembre dernier, alors ministre de l’Ecologie, elle expliquait : « Certes, le Grenelle de l’environnement a dit " pas de nouvel aéroport, sauf… " Sauf dans une situation où on a déjà un aéroport dans une zone très urbanisée et où les nuisances sont insupportables. Notre-Dame-des-Landes n’est pas un nouvel aéroport mais le transfert de celui qui est déjà existant et saturé, à 10 km de Nantes. »

Ce relevé de citations est en partie tiré du « stress test des candidats » réalisé par Greenpeace.