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France : pour ou contre les OGM ?
lundi, 6 février 2012 / Julie Lallouët-Geffroy

D’un côté, l’Hexagone s’oppose fermement au maïs Monsanto. De l’autre, il veut permettre aux OGM de pousser à côté des cultures non-OGM. Explications en jouant à pour ou contre.

Le maïs transgénique : CONTRE

La France s’est toujours clairement positionnée contre l’arrivée du MON 810 sur son sol. En 2003, l’Union européenne a autorisé sa culture. Cinq ans plus tard, en 2008, à l’occasion du Grenelle de l’environnement, l’Hexagone instaure une clause de sauvegarde pour l’interdire. Mais en décembre dernier, le Conseil d’Etat français annule cette décision, suite à la remise en cause de cette même clause de sauvegarde par la Cour de justice européenne. Depuis lors, la culture de maïs OGM est à nouveau autorisée en France. Un nouveau match est lancé.

Fin janvier, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, déclare qu’elle va à nouveau interdire cette culture grâce à une clause de sauvegarde. Mais tout est question d’agenda. La ministre indique vouloir réagir avant la période des semis – début mars – mais suffisamment tard pour « que la Commission européenne n’ait pas le temps de la remettre en cause ». « Nous nous opposerons à la culture du Mon 810, donc ce n’est pas la peine d’acheter des semences de Mon 810 », affirme-t-elle aux agriculteurs. Echec et mat pour le MON 810 ? Pas encore.

Pour que la volonté de la ministre soit suivie, il faut apporter des preuves démontrant la toxicité de ce maïs. Pour y parvenir, au lieu de s’appuyer sur un rapport de 2008, comme c’était le cas pour la première clause, elle va se fonder sur deux études de 2009 et 2010 et ainsi rouvrir le dossier.

Il semble donc clair que la France se positionne contre la culture OGM, au moins de ce type de maïs.

La coexistence entre OGM et non-OGM : POUR

Et pourtant, en parallèle, le Haut conseil des biotechnologies (HCB, créé en 2009, à la demande du gouvernement pour trancher le débat sur les OGM) vient de rendre un avis : la cohabitation entre parcelles voisines avec et sans ADN modifié est possible mais sous conditions.

Cette orientation n’est pas anodine car pour plusieurs associations environnementales, comme Greenpeace, si le gouvernement suit cette recommandation, c’en est fini des cultures bios.

La France veut donc permettre, sous conditions mais sans trop de contraintes, à chacun de cultiver avec ou sans OGM. 

Une culture 100% sans OGM : CONTRE

Dans les faits, les cultures conventionnelles et biologiques devraient pâtir de cette orientation. Avec la proximité, une parcelle pourra sans problème contaminer sa voisine, en particulier grâce à la pollinisation, les allers-retours que font tous les volatiles, sans parler du vent. L’avis du HCB suit ce que font déjà nos voisins européens comme l’Espagne et le Portugal, en l’occurrence du cas par cas.

Les agriculteurs doivent se concerter localement, décider quelle doit être la distance de sécurité entre une parcelle OGM et une parcelle conventionnelle ou bio, décider si la part des OGM tolérés est de 0,1% ou 0,9%. C’est l’Union européenne qui fixe les règles. En dessous de 0,1%, on est en bio, entre 0,1% et 0,9% en conventionnel et au-delà de 0,9%, on passe en culture génétiquement modifiée.

L’étiquetage « sans OGM » : POUR ET CONTRE

En fin de semaine dernière, le ministère du développement durable annonçait en grande pompe l’arrivée d’un nouvel étiquetage « sans OGM ». Sauf que, la cohabitation défendue par Bruno Le Maire signifie la mort de cet étiquetage. En effet, pour apposer en grand sur son produit « pas d’OGM », il faut qu’il y est moins de 0,1% de présence fortuite dans ce produit. Mais avec une coexistence des cultures, ce seuil est presque impossible à respecter.