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Une vague d’émeutes à venir en Europe ?
jeudi, 2 février 2012 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

En se penchant sur les conséquences des plans d’austérité dans le passé, une étude anglaise souligne le lien entre coupes budgétaires et révoltes sociales.

Les Européens pourront-ils supporter la course à l’austérité qui sévit actuellement dans l’Union ? Une étude anglaise « More cutbacks mean more riots », (« Une hausse des coupes budgétaires entraîne une augmentations des émeutes »), publiée ce mardi 31 janvier, s’est penchée sur le liens entre les coupes budgétaires et les révoltes sociales et donne des éléments de réponse, alors que le nombre de manifestations constatées en Europe et dans le monde en 2011 a battu tous les records.

Le professeur en sociologie Peter Taylor-Gooby de l’université du Kent s’est d’abord appuyé sur les travaux d’une première étude des économistes Jacopo Ponticelli et Hans-Joachim Voth, diffusée en août dernier, qui avait souligné une forte corrélation entre les périodes de réductions budgétaires et celles d’augmentation de l’« instabilité », à savoir les émeutes et manifestations ainsi que la délinquance et les assassinats constatés.

(Fréquence des révoltes et échelle des coupes budgétaires)

Comme le montre le schéma ci-dessus, le nombre d’événements augmente toujours en période de coupes budgétaires. Lorsque les réductions de dépenses dépassent les 2% du PIB, l’instabilité grimpe de manière significative. Et lorsque ce seuil dépasse les 3%, on constate jusqu’à un doublement des indicateurs choisis.

Les coupes à éviter

Le professeur Peter Taylor-Gooby a, lui, tenté de comprendre quelles dépenses supprimées sont facteur d’instabilité. Il s’est penché sur les conséquences sociales des réductions de budgets réalisées dans 26 pays, principalement européens, [1] entre 1980 et 2005.

Premier constat : les phases de réduction des dépenses ne correspondent pas toujours à des périodes d’émeutes. L’austérité en elle-même ne serait donc pas facteur de révolte sociale si l’on en croit les événements depuis 1980. L’étude montre par contre que les vagues de privatisations « qui privent une partie de la population de l’accès aux services publics », les coupes brutales dans les amortisseurs sociaux ainsi que les phases d’augmentation de la pauvreté engendrent systématiquement un regain de désordre social. Une invitation, selon l’auteur, à modérer les coupes dans les budgets sociaux lorsque les économies sont mises à la diète.

Bien sûr, Peter Taylor-Gooby rappelle que les manifestations recensées ne visent pas forcément les politiques gouvernementales en matière sociale, mais peuvent être liées à des contextes locaux. Même si certaines émeutes ont été retirées des données, comme celles dénonçant des questions d’affaires étrangères, ces biais restent importants. Par ailleurs, la manifestation est un fait social qui prend des significations différentes selon les pays. Ces corrélations sont donc à prendre avec des pincettes.

Mais l’auteur du rapport n’hésite pas à s’inquiéter des événements à venir au Royaume-Uni, où sont organisées des coupes budgétaires sans précédent. Il fait le lien entre ces réductions de budget et les semaines d’émeutes qui ont secoué le pays l’été dernier : « Ce sont les quartiers les plus pauvres qui ont vécu les pires émeutes. Le tout s’est suivi de manifestations records contre la politique du gouvernement, notamment la réduction des retraites. » Selon lui, toute l’Europe est menacée : « En 2012 nous verrons une augmentation de la pauvreté, une réduction de la sécurité de l’emploi et davantage de privatisations et de coupes dans les budgets sociaux. Nous assisterons donc aussi à plus d’émeutes, de manifestations et de grèves. »

Le rapport « More cutbacks mean more riots » (« Une hausse des coupes budgétaires entraîne une augmentations des émeutes ») est à télécharger ci-dessous :

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