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La carte bancaire
lundi, 5 janvier 2009
/ Cire
,
/ Louise Allavoine
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La carte « bleue » n’est pas verte. Mais l’industrie cherche à l’habiller d’un plastique écolo.
Léa grelotte. Voilà déjà deux heures qu’elle poireaute devant la vitrine du supermarché en espérant être la première à se jeter dans les rayons. A l’automne, elle n’a pas pu s’offrir de nouvelles fringues. Trop cher pour son pouvoir d’achat en berne. Alors, en ce 7 janvier 2009, premier jour des soldes, elle compte bien en profiter. La carte bleue qu’elle serre dans la poche va chauffer. Pas uniquement pour renouveler sa garderobe mais également pour entretenir la planète.
Léa est titulaire de la carte Agir du Crédit coopératif. A chaque retrait de liquide qu’elle effectue, la banque reverse, de sa poche, 6 centimes d’euros à une ONG. Les banquiers désireux de repeindre leur façade à la mode « je respecte la planète » proposent aussi des cartes offrant des réductions dans les enseignes « responsables » ou reversant une partie des points de fidélité à des causes vertes.
La plupart des cartes bancaires sont en effet composées de silicium pour la puce, et de polychlorure de vinyle (PVC) pour le plastique. Problème : le PVC est controversé en raison de ses contenus chlorés. Lors de sa production et de son incinération, s’échappent des dioxines et des furannes qui sont « parmi les substances chimiques les plus toxiques jamais produites par l’homme », selon l’ONG Greenpeace.
En 2007, 34 millions de tonnes de PVC ont été fabriquées dans le monde [1]. Mais pas uniquement pour concevoir des cartes bancaires, car de nombreuses industries en consomment. Léa a fait le calcul. Sa carte pèse 8 grammes, l’industrie du secteur en a livré environ 600 millions d’exemplaires en 2008 (2). Résultat : seulement 0,014 % du PVC mondial termine laminé en cartes bancaires. Peanuts ! N’empêche.
Des alternatives au plastique toxique existent. Pourquoi ne pas les utiliser ? Primo, elles coûteraient plus cher à produire. Deuzio, le matériau idéal n’existe pas encore. « Les produits biodégradables à base de maïs ou de bambou ne peuvent pas être utilisés pour les cartes bancaires de paiement parce qu’il n’est pas possible, ensuite, de les personnaliser », explique Bruno Rateau, membre de l’Association des fabricants et personnalisateurs de cartes (AFPC). Et ceci à cause de l’embossage : cette action mécanique permet d’inscrire les données de Léa en relief sur sa carte.
Seulement, le PETG affiche aussi ses limites. Il est peut-être moins polluant que le PVC, mais sa production est plus énergivore. Alors, l’industrie est en quête du Graal de la carte à puce : le matériau écologiquement correct sur tous les plans. Gemalto, le leader mondial du secteur, travaille sur de nouvelles matières. Mais tout est top secret, concurrence oblige. Léa devra patienter au moins jusqu’à fin 2009 pour glisser une carte « ecofriendly » dans son portefeuille. A cette date, le groupe français espère proposer à ses clients banquiers son produit miracle. —
Carte à durée de vie (très) limitée
En France, la durée de vie d’une carte bancaire est limitée à deux ans. Pour des raisons d’usure, de sécurité et de marketing. Forcément, quand le logo s’estompe, l’image de la banque se ternit. Lorsque la carte est déclarée périmée, elle est censée rejoindre une filière de recyclage. En novembre 2007, les membres de l’Association des fabricants et personnalisateurs de cartes (AFPC) se sont en effet engagés « à mettre en oeuvre des solutions de récupération et de traitement des cartes en fin de vie ». Bilan un an après : aucune carte récupérée. La faute à qui ? « Nombre de clients jettent leur carte à la poubelle sans se poser de question, indique Thierry Spanjaard, de la revue spécialisée Smart Insights. Dans le même temps, il n’y a aucune sensibilisation pour inciter les utilisateurs à les retourner à leur banque. » Cette dernière les invite généralement à détruire leur carte à coups de ciseaux. Et ces morceaux filent tout droit à l’incinérateur.
La charte de l’Association des fabricants et personnalisateurs de cartes (AFPC)
Les dangers du PVC, sur le site de Greenpeace
Le guide Environnement : Comment choisir ma banque ? de l’ONG les Amis de la Terre
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