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Chers et pas verts : la facture salée des agrocarburants
mardi, 24 janvier 2012 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Alors que 1,5 milliard d’euros a été investi dans les agrocarburants depuis 2005, la Cour des comptes vient de rendre un rapport très à charge contre la filière.

Les agrocarburants coûtent cher, leur bilan environnemental est mauvais et les industriels français du secteur profitent d’une situation de monopole et de trop fortes subventions. C’est le triste bilan dressé par la Cour des comptes dans un rapport rendu ce mardi 24 janvier.

La Cour note que les soutiens au secteur ont été énormes depuis 2005. Plus de 1,5 milliard d’euros ont été investis dans la filière en France. Auxquels s’ajoutent les 2,65 milliards d’euros de réduction d’impôts dont ont bénéficié les industriels du secteur. Et pourtant, ils n’ont eu besoin d’investir qu’un milliard d’euro pour bâtir des structures industrielles capables de produire 1,91 million de m3 de biodiesel et 1,25 million de m3 de bioéthanol, qui sont distribués mélangés au diesel et à l’essence. Le rapport n’hésite pas à affirmer que « le principal producteur national de biodiesel, (Sofiprotéol, ndlr,) qui fut en situation quasi monopolistique jusqu’en 2008, en a retiré pendant cette période une rente de situation et un effet d’aubaine qui lui aurait rapporté 0,5 milliard d’euros. »

Le consommateur a payé la facture

Les consommateurs y ont eux beaucoup perdu : la Cour calcule qu’ils ont supporté un surcoût de 3 milliards d’euros, tandis que la facture s’élève seulement à 820 millions pour l’Etat. Le tout alors qu’au plan environnemental, le bilan présenté est très mauvais.

Les agrocarburants occupent beaucoup de terres agricoles, environ 6% de la surface agricole française, n’assurent pas l’indépendance énergétique, et le bilan en termes d’émission de gaz à effet de serre reste limité et contesté pour cette première génération. De quoi conclure que la France doit limiter ses aides au secteur et surtout être plus transparente sur les surcoûts pour le consommateur.