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Allô les vieilles lunes ? Ici l’atterré !
jeudi, 26 janvier 2012 / Arnaud Gonzague

Changer d’économie ! Nos propositions pour 2012. Les Economistes atterrés. Les liens qui libèrent, 256 p., 18,50 euros.

Bon, comme adjectif, c’est vrai qu’« indigné » n’est pas mal. Mais la petite trentaine d’économistes qui cosignent ce troisième opus (après, en 2010, un Manifeste, qui s’était écoulé à quelque 70 000 exemplaires) en ont trouvé un autre : ils sont « atterrés ». Autrement dit, renversés par terre. Ou peut-être revenus sur Terre, convaincus qu’il faut délaisser les hautes sphères de l’économie théorique pour s’engager dans le « dur » et proposer une alternative citoyenne concrète. L’atterrement est un sentiment plus costaud que l’indignation. Chez l’atterré, point de colère, mais un mépris féroce pour l’atterrant, regardé (de haut) comme un parfait malhonnête, indigne d’être pris au sérieux. L’atterrant, en l’occurrence, est le néolibéralisme qui, depuis trente ans, se la joue grand technicien sérieux, alors qu’il se comporte comme un petit voyou prêt à arracher les sous de mémé pour éponger ses dettes de jeu.

Agonie des paradis fiscaux

Et qu’y a-t-il en face ? De l’atterrant, encore. Des élus qui jurent qu’ils vont remettre la finance au pas, et qu’on va voir ce qu’on va voir, transparence, règles contraignantes pour les banques et agonie des paradis fiscaux. Sauf que c’est trop tard : ils avaient déjà promis tout ça après la crise de 2008. Et que s’est-il passé ? Rien. Les bonus ont été aussi gras, la finance encore plus tentaculaire et les agioteurs aussi sûrs de leur impunité. Et si la crise de 2011 n’avait pas éclaté ? Il est bien clair que personne n’en parlerait plus. Atterrant, on vous dit.

Petite caste de possédants

Voilà pourquoi il faut lire et faire lire Changer d’économie ! Parce qu’il est intolérable d’affirmer aux peuples qu’il n’y a pas d’autres solutions que de renflouer les banques sans rien exiger en contrepartie et de sabrer dans les budgets publics pour « rassurer les marchés ». Les solutions concrètes, aussi applicables que la stupide « austérité », au contraire, regorgent : fiscalité vraiment redistributive, Europe sociale et écologique, réel encadrement des banques, abolition pure et simple des paradis fiscaux…

Mais surtout, les Economistes atterrés nous aident à comprendre l’essentiel : il n’y a pas eu de malentendu depuis trente ans. Les partisans de la déréglementation généralisée (financiers, élus, médias et intellectuels) n’ont pas commis d’« erreur » idéologique. Ils ont consciemment travaillé au service d’une petite caste de possédants – la leur – avec grand succès : leurs richesses ne cessent d’exploser alors que les peuples stagnent, se précarisent et s’endettent. Pas de « complot » là-dedans. Simplement un choix politique de classes sûres de leurs forces. Dites, ce ne serait pas la présidentielle bientôt ? 


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