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«  Félins  »  : grands fauves et grand spectacle
jeudi, 26 janvier 2012 / Anne de Malleray

Filmé dans la réserve kenyane du Masai Mara grâce à des caméras hypersophistiquées, le long métrage « Félins » est une sorte de « Roi Lion » en chair et en os. Un récit grand format ébouriffant.

Le petit avion à hélices se pose sur la piste en terre battue, au cœur de la réserve kenyane du Masai Mara. Sur ce territoire des éleveurs masaïs, la vie sauvage se déploie sur 1 500 km2 de savane vallonnée, irriguée par des cours d’eau. Dans cet écosystème hospitalier se côtoient encore, fait rare en Afrique, les trois grands fauves : léopards, guépards et lions, qui se repaissent des nombreux herbivores : buffles, zèbres, gazelles, impalas… Cette abondance attire aussi les touristes. Blasés par trente ans de safari, les animaux laissent les véhicules s’approcher à quelques mètres.

Après une longue quête, on se trouve nez à nez avec des « acteurs » du film Félins : quatre lions vigoureux qui se prélassent à l’ombre. Depuis le tournage, achevé en 2010, Kali, reconnaissable à sa crinière noire majestueuse, et ses fils tiennent en respect la moitié de la réserve. Félins raconte le début de cette conquête… Fang, vieux lion à la canine brisée, règne sur la troupe de la rivière, à laquelle appartiennent Layla et sa fille Mara. Sur l’autre rive, le clan de Kali, uni et invincible, attend son heure pour détrôner le vieux mâle.

Autre héroïne du film, Sita, mère guépard célibataire, élève ses cinq petits dans un milieu hostile où seulement 5% parviennent à l’âge adulte. Le casting de Félins n’a rien à envier à celui du Roi Lion. Deux mois furent nécessaires pour débusquer les acteurs. « J’ai commencé à tourner dans le Masai Mara en 1986 et je savais, par expérience, qu’on pouvait faire un film avec des personnages forts et totalement réels. La vie de ces animaux est shakespearienne », raconte Keith Scholey, réalisateur, figure du documentaire animalier britannique et ancien directeur des programmes à la BBC.

Travellings spectaculaires

Le défi était d’obtenir une histoire sans trucages, à partir d’un scénario imposé par la nature. Sur deux ans de tournage, une vingtaine de jours seulement offrirent leur lot de péripéties cinégéniques. « Certaines scènes sont tellement cinématographiques qu’on les croirait travaillées mais nous ne sommes jamais intervenus sur les faits, sauf une fois où nous avons remplacé Sita par une de ses filles, accompagnée de son petit », avoue Keith Scholey, fier d’avoir suivi la trace du guépard sur trois générations. Des caméras ultraperformantes ont permis de capter la vie sauvage dans ses moindres détails. « Rendons hommage à la caméra grande vitesse Phantom qui nous a permis de capter jusqu’à 450 images par seconde. A ce rythme, on perçoit chaque mouvement, chaque muscle, chaque tendon… Les guépards en chasse sont extrêmement difficiles à filmer et nous y sommes arrivés comme personne avant nous. Compréhension du terrain, préparation, positionnement… Il est très difficile de le cadrer en pleine course sans perdre le point », raconte Alastair Fothergill, coréalisateur.

Avec des pointes à 105 km/h, la course d’un guépard, pratiquement imperceptible sur un écran de télévision, est visible dans ses moindres frémissements dans le long métrage. Utilisée pour la première fois sur Océans, de Jacques Perrin, la caméra Cineflex, conçue pour un usage militaire, a permis, elle, de réaliser des travellings spectaculaires depuis les airs, grâce à une très longue focale. Pour accentuer l’effet dramatique, l’équipe a joué sur la couleur – certaines scènes sont assombries – et la vitesse : tout le film est ralenti à 30 images par seconde, ce qui décompose la course des félins et accentue leur stature.

Rigueur scientifique

Dans Le Roi Lion, on se fichait que le scénario du sauvetage d’un lionceau par un suricate et un phacochère manque totalement de crédibilité. Félins, en revanche, refuse toute entorse à la rigueur scientifique. Sarah Durant, membre de la Zoological Society of London qui travaille depuis vingt ans à la sauvegarde des félins, a assuré la cohérence du script et noté son intérêt pour l’étude du comportement animal : « L’une des séquences montre des lions et des guépards traversant la rivière Mara. Nous savions qu’ils pouvaient franchir des cours d’eau, mais les voir braver une rivière aussi grande et infestée de crocodiles est fascinant. Ce genre d’observation est particulièrement utile pour savoir ce qui constitue une barrière, parce qu’il faut les dissuader de sortir de leur réserve protégée. » Créée en 2008 dans la foulée du succès de La Marche de l’empereur, c’est la société de production DisneyNature qui est derrière Félins. Elle renoue ainsi avec la tradition du documentaire animalier sur grand écran. Comme un pied de nez aux prodiges du cinéma de synthèse façon Avatar, le blockbuster animalier Félins sublime le 100% naturel. 

Félins, de Keith Scholey et Alastair Fothergill, en salles le 1er février.


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