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Le déodorant
jeudi, 30 octobre 2008 / Cire , / Louise Allavoine

Le matin, les salles de bains sont envahies par les effluves parfumés. Mais les déodorants émettent aussi des substances mal connues qui éveillent des soupçons.

Tous les matins, dans la salle de bains, les déodorants font pschitt. S’asperger les aisselles est un geste, a priori quotidien, pour la majorité d’entre nous. En attestent les ventes de déos en France. Chaque jour, il s’en écoule 327 000, selon la Fédération des entreprises de la beauté (Febea). Davantage que les produits de soin pour le visage (317 000 unités par jour), moins que les tubes de dentifrice (533 000). Le Français liquide environ 7 déos par an. Grâce à lui, l’industrie cosmétique s’est d’ailleurs mis sous le coude 394 millions d’euros (1) en 2007.

En stick, en spray ou en bille, le déodorant adopte toutes les formes pour séduire le chaland. Et le marketing commence dès l’intérieur de la boîte, par la recette du produit. « Sa formulation découle directement des besoins du consommateur, explique Laetitia Simon, responsable qualité de la marque Sanex. Le département marketing établit un cahier des charges pour un produit naturel, antitranspirant ou à efficacité longue durée. En fonction de ces différents critères, la sélection des ingrédients est faite en recherche et développement. » Pour le groupe Sara Lee, à qui la marque Sanex appartient, cette étape se déroule aux Pays-Bas.

Pas d’expérimentation animale

Mais avant d’envoyer la recette à l’usine de production, au Royaume-Uni ou en Allemagne, Sara Lee devra peaufiner un solide dossier d’informations sur le procédé de fabrication, la sécurité des matières premières et du produit fini. Pas de mise sur le marché sans ce dossier, transparence oblige. La fabrication des produits à tartiner sur la peau est strictement réglementée. La directive cosmétiques, entrée en vigueur en 1976, encadre la composition, l’étiquetage et l’emballage des produits. Elle interdit également les expérimentations sur les animaux. L’industrie cosmétique est également concernée par la réglementation Reach de juin 2007, qui enregistre, évalue et autorise les substances chimiques. On ne badine pas avec l’épiderme. Pourtant, certaines substances contenues dans les déodorants éveillent les soupçons. Et cela, malgré les efforts considérables déployés par l’industrie cosmétique. Dernier en date, l’ouverture par la Febea d’un dossier spécial sur son site « Parlons cosmétiques » pour rassurer les consommateurs sur des substances aux noms angoissants : par exemple, l’aluminum chlorohydrate contenu dans les antitranspirants. Alors que les déodorants classiques camouflent les odeurs des aisselles ou éliminent les bactéries qui en sont responsables, ces « sels d’aluminium », eux, réduisent l’humidité locale en resserrant le canal des glandes sudorales, responsables de la transpiration. Mais ils sont suspectés de participer au développement de cancers du sein. Le sujet fait clavarder. Sur les forums, Untel évoque une étude dénonçant l’effet cancérigène de l’ingrédient, Unetelle en brandit une autre attestant le contraire.

Au fond des tubes de crème

Qui dit vrai ? « Cette polémique n’a aucun fondement, réfute Héloïse Prieur, de la Febea. Sur notre site “ Parlons des cosmétiques ”, nous avons mis en ligne différentes études sur la question qui le prouvent par A + B. » Chez Sara Lee, on préfère éviter la controverse et anticiper le moindre dommage commercial. « Nous faisons un travail de veille qui nous permet d’identifier les substances montrées du doigt, affirme Laetitia Simon. Dès qu’il y a un risque, même non avéré, nous essayons autant que possible de remplacer l’ingrédient. De cette façon, nous avons éliminé les parabènes de nos gels douche. » Les parabènes : voilà une autre famille de substances qui n’est pas en odeur de sainteté, au même titre que les phtalates et autres muscs artificiels.

Bien que tous les ingrédients des cosmétiques apparaissent obligatoirement sur l’étiquette, il est difficile pour Mme Tout-le-monde d’identifier une molécule incriminée. « Le mieux est encore d’éliminer les produits contenant des ingrédients aux noms compliqués, commençant par exemple par bromo, iodo ou chloro, conseille Gaëlle Guérive, chargée du programme Modes de vie durables à l’ONG WWF-France. Bien sûr, l’industrie cosmétique n’utilise pas a priori de produits interdits par la réglementation. Mais, par principe de précaution, il vaut mieux éviter ces substances dont on ne connaît ni les dangers pour la santé, ni ceux pour l’environnement. Aujourd’hui, on trouve facilement des produits labellisés Cosmébio ou Cosmétique Eco dont les ingrédients sont naturels et non polluants. »


Un parfum de deuxième vie

Un parfum de deuxième vie

Bonne nouvelle, le déodorant se recycle. Aérosols en acier ou en alu, sticks en verre ou rolls-on en plastique, une fois vides, tous sont à jeter dans la poubelle jaune. Une consigne à faire passer auprès des consommateurs qui généralement zappent le tri des produits de la salle de bain. En effet, ceux-ci « mettent souvent leurs shampoings ou gels douche vides avec les déchets ménagers, pensant que ces flacons “ sales ” n’entrent pas dans la collecte sélective. Et pourtant, cela n’empêche pas de les recycler », reconnaît-on chez Eco-Emballages, l’entreprise spécialiste de la collecte sélective des emballages.


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