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Epique potimarron
jeudi, 29 décembre 2011 / Miss Bouffe

« Le jour où je l’ai rencontré, j’ai été subjugué », lance l’agronome Philippe Desbrosses. Le coup de foudre vise une cucurbitacée potelée. A l’époque où ce pionnier goûte au potiron doux du Japon, vous, pauvres consommateurs, n’avez pas idée qu’un jour, vous vous l’arracherez. Il a fallu que le pape de la macrobiotique, Georges Ohsawa, s’installe dans les Flandres, en 1957, pour que le cousin japonais de la citrouille s’européanise. En 1973, Philippe Desbrosses suit un stage d’agriculture biodynamique dans le Cher, où la petite courge est cultivée. Elle est alors bleutée, verte ou tachetée, avec cet incomparable goût de châtaigne qui lui donne son nom. « Elle courait sous le manteau, explique l’agronome. Je sentais que c’était une mine d’or. »

Il décide d’implanter dans sa ferme familiale de Sainte-Marthe (Loir-et-Cher) un labo de cultures anciennes. Par sélection, il finit par obtenir un petit fruit, dense et très rouge. Un article paraît dans la revue des jardins ouvriers de France et des milliers de courriers lui demandent des graines. Mais pour sortir des potagers, il faut du lourd. A l’aube des années 1990, un acheteur de Monoprix passe commande. Le géant Carrefour suit. Et c’est quelque 400 tonnes de cucurbitacées dont 80 de potimarrons que la ferme doit livrer chaque année. Depuis, le tourbillon s’est apaisé, mais le fruit est devenu un classique. Pour Philippe Desbrosses, l’histoire continue. « Le potimarron a été mon épopée. Et je suis sûr qu’il n’a pas encore tout donné ! » —