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La France découvre ses "sans abri"
jeudi, 11 mars 2004 / Stéphane JOURDAIN

Qui sont les sans domicile ? Les études récentes permettent de mieux cerner une réalité, qui a longtemps été source de fantasmes.

Début 2001, l’Institut national d’études démographiques (INED) et l’INSEE ont évalué à 86000 le nombre de personnes n’ayant pas d’endroit où dormir, un soir donné. Cette même étude montre que la plupart des SDF - 37% exactement - se sont retrouvés à la rue en raison d’une rupture conjugale. 21% parce qu’ils se trouvaient dans l’impossibilité de continuer à payer leur loyer et 20% parce qu’ils changeaient de ville ou de région, souvent pour changer d’emploi. Publiée en octobre 2003, une autre étude de l’INSEE (« Les sans domicile ne sont pas coupés de l’emploi ») a fait quant à elle, l’effet d’un scoop. « Les sans domicile ne forment pas un agrégat d’individus oisifs qui ignoreraient tout du travail », écrivait ainsi Le Monde le 2 octobre 2003.

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Crédit : Pierre-Emmanuel Rastoin

De plus en plus de femmes exclues

Grâce aux données collectées par le 115, numéro d’appel d’urgence, le Samu social a aussi pu mettre en avant la proportion croissante de grands exclus qui sont des femmes. Elle représentaient 14,5% des appels au 115 en 1998, et près de 20% en 2002. Enfin, une dernière étude de l’INSEE parue en avril 2003 révèle que deux-tiers des sans domicile fixe s’adressant aux services d’aide, déclarent au moins une maladie grave ou chronique. Au total 16 % d’entre eux estiment être en mauvaise santé (ce chiffre est de 3 % pour l’ensemble de la population). Migraine, maladies respiratoires, séquelles de maladies graves ou accidents et affections du système digestif, sont les pathologies les plus fréquemment rencontrées. En outre, trois SDF sur dix se plaignent de graves troubles du sommeil (dix fois plus que pour l’ensemble de la population). Et ils sont nombreux à connaître des problèmes psychologiques.

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