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« A Durban, personne ne semble imaginer un nouvel échec »
mardi, 6 décembre 2011 / Sandrine Bélier /

Députée Europe Ecologie, membre de la délégation officielle du Parlement européen.

Quelle ambiance règne à Durban ? Que se dit-on dans les couloirs du centre de conférence ? Sandrine Bélier, députée européenne EELV, livre ses impressions à son arrivée en Afrique du Sud.

Sandrine Bélier est députée européenne Europe Ecologie - Les Verts.

Je suis arrivée hier en fin d’après-midi, à Durban, avec mes collègues de la délégation du Parlement européen. Nous avons eu notre premier briefing par la Commission européenne vers 17h. Après une semaine de négociations, en dépit de quelques mouvements positifs sur plusieurs aspects techniques, l’image qui s’impose quant à l’issue de cette conférence sur le climat à Durban est un grand point d’interrogation.

L’échec de Copenhague plane sur le centre de conférence de Durban, mais personne ne semble vouloir, à ce stade de la négociation, imaginer un nouvel échec. Les délégations gouvernementales arrivent et se préparent pour la partie politique de la COP17 (nom donné au 17ème sommet mondial sur le climat, ndlr), qui débutera officiellement ce mardi. Cette semaine, la conférence est appelée à progresser sur les principaux éléments qui ont fait l’objet d’accords à Cancún en 2010 pour aboutir à des décisions concrétisant, entre autres :
- un mécanisme de quantification et réduction des émissions de CO2
- un cadre d’adaptation pour aider les pays en développement
- et un Fonds vert pour le climat

Protocole de Kyoto : Stop ou encore ?

Les discussions se focalisent, notamment et sans surprise, sur la poursuite du protocole de Kyoto, le seul accord climatique mondial contraignant, qui s’achèvera fin 2012. L’enjeu est important car, à défaut de se mettre d’accord pour une seconde période d’engagement ou un nouveau mécanisme contraignant, c’est quinze ans de travail et d’investissement pour la lutte contre le dérèglement climatique qui pourraient être réduits à néant.  [1]

Pour les Etats les plus petits et les plus vulnérables, un résultat crédible à Durban suppose de se mettre d’accord sur une deuxième période d’engagement ne dépassant pas cinq ans, des engagements contraignants sous la forme d’objectifs chiffrés, la suppression des failles dans les règles comptables (dites UTCATF) et l’augmentation des ambitions des pays développés.

La Commission européenne et les ministres de l’UE ont à Durban le mandat de convenir d’un amendement au protocole de Kyoto. Hier, les représentants de l’Union européenne étaient optimistes quant à l’adoption d’une « feuille de route » qui associerait un résultat juridiquement contraignant, notamment en raison de changement positif détecté dans la position de la Chine.

Un nouveau cadre juridique global ?

La position américaine reste ambiguë. Elle ne s’opposerait pas à un accord global aux effets juridiquement contraignant, mais à certaines conditions [2]. Cette position empêche aujourd’hui tout accord. On dit par ailleurs dans les couloirs du centre de conférence, qu’il y aurait des pourparlers entre les Etats-Unis et l’Inde (qui s’oppose à toute avancée des discussions sur la forme juridique de l’accord) pour saper un mandat significatif…

Un texte est attendu pour demain mercredi. A suivre…

Comment la communauté internationale va faire face au changement climatique dès aujourd’hui et pour l’avenir ? C’est à Durban que se joue l’avenir, loin de Berlin. Parce qu’une crise n’en chasse pas une autre. Et qu’il serait temps de comprendre que les solutions de sortie de la crise climatique offrent indiscutablement des réponses à la crise économique, en sus d’offrir la vision d’une économie mondiale plus humaine, plus responsable, plus sociale et plus solidaire.