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« Il faut mettre l’Europe sur la voie de la transition écologique »
mercredi, 30 novembre 2011 / Eva Joly /

Candidate Europe Ecologie - Les Verts à l’élection présidentielle.

Eva Joly est candidate Europe Ecologie - Les Verts à l’élection présidentielle.

Dans cette crise que nous traversons, l’Europe n’est pas le problème, c’est la solution. Alors que les défis gigantesques d’une crise multiple exigeraient des réponses communes, au moins conçues à l’échelle européenne, trop d’hommes et de femmes politiques cèdent à la tentation de croire en un salut seulement national. En ces temps d’interdépendance et de mondialisation, s’accrocher ainsi aux ombres de la souveraineté nationale n’est pas seulement renier l’esprit communautaire ; c’est surtout se condamner à l’impuissance politique.

Je vais porter dans le débat présidentiel quatre premières propositions pour renforcer le rôle de l’Europe. D’abord la mutualisation des dettes par un marché obligataire européen des Eurobond, et la création d’un trésor européen pour gérer ces Eurobonds et superviser la convergence fiscale des Etats membres. Ensuite, la mise au point d’un plan européen crédible pour mettre fin au secret bancaire, aux paradis fiscaux et à l’évasion fiscale, au moins à l’intérieur du Marché commun. Il faudrait en outre geler les actifs placés dans les paradis fiscaux par les ressortissants de tous les Etats membres dont le budget est menacé par les fraudes massives, comme la Grèce.

Il faut ensuite effectuer une révision juste du plan d’austérité imposé à la Grèce, avec des objectifs et un échéancier plus réalistes, et une meilleure répartition des efforts. Surtout, il faut lancer un grand emprunt européen, tel que nous l’avions proposé lors des élections européennes, pour mettre fin au cycle des crise récurrentes depuis une décennie en mettant l’Europe sur la voie de la transition écologique : éducation, formation, réseaux de transports, technologies vertes, infrastructures énergétiques, recherche à grande échelle et projets scientifiques.

Ces propositions demandent pour certaines qu’on rouvre le chapitre des traités… Car depuis que la Cour Suprême allemande a donné sa lecture très rigide des textes européens, la mise en place d’un gouvernement économique ne se fera probablement pas à traité constant. C’est une occasion importante… Car c’est le 2ème chantier que je veux ouvrir : la question de la démocratie européenne.

C’était déjà clair auparavant, mais ce que la crise a particulièrement mis en lumière, c’est qu’il ne peut y avoir de projet européen partagé sans une véritable démocratie européenne. Je veux redonner tout son pouvoir et sa place centrale au Parlement Européen pour qu’il ne soit pas seulement l’accompagnateur des décisions européennes mais pour qu’il en soit l’acteur et le moteur.

La construction d’une union politique européenne représente une occasion historique sans précédent pour faire sortir la démocratie de son cadre historique national – et bâtir une réelle démocratie transnationale. La question de la gouvernance économique est indissociable de celle du contrôle démocratique.