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J’ai testé la voiture de mon voisin
mercredi, 30 novembre 2011 / Laure Noualhat /

Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

Louer une bagnole, je connaissais. Mutualiser ma caisse, aussi. Le covoiturage, itou. Cette fois, j’ai loué une auto à un particulier. Ça rentabilise son tas de ferraille et me fait faire des économies. Me voilà un peu réconciliée avec les tacots !

« Jamais sans ma caisse ! » C’est le cri du cœur de l’homo automobilicus. Normal : rien ou presque n’est fait pour le désintoxiquer de la bagnole. S’en passer complètement relève de la gageure : voyage, enfants en bas âge, dîner en banlieue, grosse flemme, déménagement de plante verte, etc., tous les arguments sont bons pour appuyer sur le champignon. Si c’est une vraie dope sociale, sachez tout de même qu’il existe un médoc de substitution, une façon de s’en servir autrement. Certains – d’heureux pionniers que l’on salue – parviennent à mutualiser leurs véhicules. Ils s’en servent à plusieurs, entre amis ou en famille, et c’est plié. Mais ils sont exceptionnels. En réalité, la majorité des 32 millions d’autos françaises sont confinées au garage 90% du temps !

Eh oui, une caisse, c’est ça : 1,5 tonne d’acier immobilisée, le tout pour un coût moyen de 5 500 euros par an et par ménage, selon l’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques. Vous avez bien lu : entre les péages, l’essence, les PV, l’assurance ou les réparations, la voiture, c’est environ 460 euros par mois ! Une fois le constat posé, la solution s’impose d’elle-même : comme un bon pétard de jamaïcaine, la voiture peut être cool, à condition de la faire tourner. C’est le concept de la consommation collaborative qui part du principe que « tout ce qui est à toi est à moi ». Un joli programme de beatnik, non ? Eh bien raté, c’est le mode de consommation du XXIe siècle, ce truc. Ça vaut pour la bouffe, les fringues, les outils, et bien sûr, pour la sacro-sainte voiture. C’est bien ce que la Ville de Paris veut mettre en place avec son Autolib’, un partage entre inconnus moyennant un abonnement. Mais il y a encore mieux : la location entre particuliers.

Les cartes SIM font bisou-bisou

L’autre jour, je voulais récupérer des caisses de bulles pour les fêtes qui se pointent à grand pas. Ben oui, on ne va pas fêter le petit Jésus au Fanta. Donc, il me fallait une voiture confortable pour empiler dix caisses de six à l’arrière. C’est sur le site Cityzencar que j’ai trouvé mon bonheur en la personne de Blandine, qui m’a loué sa Peugeot 307 le temps d’un week-end. Pour 200 km et deux jours d’assurance, la balade m’a coûté 111,38 euros. A voiture équivalente, une agence de location classique m’aurait fac- turé trois jours de loc pour 175 euros. Y a pas photo.

D’autant que pour Blandine, qui ne craint pas de partager ses affaires, c’est tout bénef : « En une dizaine de loca- tions, j’ai récupéré 300 euros. Ça me permet d’amortir les frais fixes de ma voiture et de conserver ce luxe. » L’avantage de passer par le Net, c’est que je peux localiser mon loueur, c’est-à-dire en choisir un qui a garé sa Benz à côté de chez moi ou du bureau. En plus, la caisse de Blanblan est équipée d’un boîtier doté d’une carte SIM. Une fois devant la voiture, il suffit de l’appeler et quand les cartes SIM font bisou-bisou, ça déverrouille les portières et la boîte à gants dans laquelle se trouvent les clés. Super ingénieux. C’est aussi dans la boîte à gants que je laisse mon chèque. Et hop ! « Le boîtier permet aussi de savoir où vous garez ma voiture en la rendant et combien de temps vous l’avez utilisée exactement, ce qui permet d’ajuster la facture si besoin. »

Le site, lui, se rémunère sur l’assurance et l’abonnement de l’utilisateur. Pour l’instant, on ne trouve pas de loueur dans toutes les villes de France, mais dans quelque temps... D’ailleurs, il n’y a pas que moi qui y crois : une étude, réalisée par TNS Sofres sur 7 000 personnes, montre que 47 % des interviewés voient l’autopartage comme un modèle d’avenir. C’est joli sur le papier, mais dans les faits, demandez à votre voisin s’il est prêt à louer sa voiture à un inconnu. C’est là qu’il faudra un peu de temps pour déverrouiller les cerveaux d’homo auto.

Sur la banquette du « taxico »

Dans la même veine, voici venu le temps du « taxico », le taxi collectif. Plutôt que payer tout seul une course qui pourrait être partagée à deux ou trois, autant s’inscrire sur Cityzen Mobility. Acoquiné avec la société de taxis parisiens Alpha Travel, le site permet de réserver un taxi pour un trajet donné. Comme le service démarre à peine, pas sûr que l’on partage vraiment les courses, il n’empêche, l’abonnement est quand même moins cher et ça pourrait intéresser plein d’entreprises. A bientôt sur la banquette arrière.

- S’inscrire pour le « taxico »
- Louer une chèvre ou une perçeuse
- Le site de Cityzencar