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« Debtocracy », LA vidéo solution anti-crise ?
mardi, 22 novembre 2011 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Ce documentaire choc connaît un énorme succès. « Terra eco » l’a visionné et décrypte les questions qu’il pose et les réponses qu’il apporte.

Un énième plan de rigueur a entraîné la démission de plusieurs députés et un regain de violences en Grèce ce dimanche 12 et lundi 13 février. Le besoin d’une alternative à l’austérité est plus pressant que jamais. L’occasion de relire notre décryptage du documentaire Debtocracy.

Partout où l’on s’indigne, on regarde « Debtocracy ». Depuis sa création en avril dernier, le documentaire grec a été projeté de la place Syngtagma à Athènes jusqu’aux sites « occupés » aux Etats-Unis. Sur le net, il cumule plusieurs millions de visionnages.

Le documentaire pose des questions et donne des réponses bien peu entendues depuis le début de la crise en 2008. Terra eco les a décryptées. Mais avant toute chose, pour visionner ce documentaire, cliquez sur la vidéo ci-dessous. Pour activer les sous-titres (en français), cliquez sur « CC » puis « FR » dans la barre vidéo.


Debtocracy International Version par BitsnBytes

Tout débute devant le Parlement grec, avec des soldats qui défilent, tels des pantins animés. Les auteurs ont choisi des extraits de l’ancien dictateur grec, G. Papadopoulos puis de Dominique Strauss-Kahn, président du FMI au moment de la réalisation de la vidéo. Tous les deux utilisent la même métaphore. La Grèce serait « malade » de sa dette et l’austérité, les baisses des salaires, les coupes budgétaires seraient les traitement adaptés. Selon les autres dirigeants cités ensuite, la Grèce, paresseuse et corrompue serait « l’enfant terrible d’un système bien réglé et d’une Europe réussie ».

- La Grèce, paresseuse ou victime ?

Nous en sommes à la sixième minute du reportage. Les auteurs prennent le parti d’inverser le raisonnement : la Grèce n’est-elle pas la victime de l’Europe ? Débute alors une analyse très convaincante sur l’origine de la crise. Après les chocs pétroliers à la fin des années 1970, le monde est entré dans une économie basée sur le crédit, dans les années 1980 et 1990. Mais la bulle du crédit a éclaté aux Etats-Unis en 2007, entraînant le monde dans la crise, jusqu’à menacer la solidité des Etats et la solidité de leurs dettes.

Selon les auteurs, l’Europe n’est pas faite pour résister à ces crises, faute de pouvoir politique fort. Pire, la zone euro aggraverait les inégalités entre Etats. Ils accusent notamment l’Allemagne d’avoir « déclaré la guerre à ses ouvriers », en tirant les salaires vers le bas depuis dix ans, pour sortir gagnante de l’Union monétaire. Les pays entrants, où les salaires ont augmenté, ont perdu en compétitivité par rapport à l’Allemagne depuis dix ans à cause de la rigueur allemande. Et ils ne peuvent plus dévaluer leur monnaie, l’arme utilisée avant l’entrée dans l’Union pour relancer les exportations. Ces pays ont donc peu exporté et beaucoup importé de produits, notamment allemands, creusant leur déficit commercial, et alourdissant leur déficit puis leur dette. Voilà, selon les auteurs, la principale cause de la crise.

- La dette grecque est-elle légitime ?

La deuxième partie du documentaire remet en cause la validité et la légitimité « morale » de la dette grecque. Selon les auteurs, ces créances viennent largement des problèmes de la zone euro, exposés précédemment. Elles sont également la conséquence d’un système fiscal grec injuste, qui n’a « jamais su récolter beaucoup d’impôts ». Ou encore de dépenses jugées inutiles, notamment les Jeux Olympiques d’Athènes de 2004. Ils estiment donc que la dette correspond au critère de définition de la « dette odieuse ». Késako ?

Les auteurs en proposent un court historique. Cette notion a été inventée au 19ème siècle pour désigner des prêts contractés sans l’aval des citoyens, en dehors de leur intérêt et avec la complicité des créanciers. Pour les auteurs, qui résument l’histoire des « dettes odieuses » dans une courte animation, la dette grecque correspond à ces critères.

Alors, dans cette vidéo, la solution est toute trouvée. Il faut imiter l’Equateur, qui a osé annuler sa dette en 2006 parce que le pays dépensait dix fois plus pour la rembourser que pour son système de santé. « Parce qu’il est immoral de payer une dette immorale. »

La Grèce est une victime et sa dette n’est pas morale, voilà le propos de « Debtocracy ». Un regard novateur sur la crise, appuyé par des arguments très documentés qui font le succès de cette vidéo de 74 minutes devenue virale. Mais ces réflexions sur les causes de la crise peuvent-elles aider l’économie grecque a posteriori ? Faut-il annuler la dette grecque ? Nous avons proposé à l’économiste Alexandre Delaigue de regarder cette vidéo et de nous répondre. Cet entretien est à lire par ici.

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- Faut-il annuler la « dette odieuse » grecque ?


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