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1. Agriculture : pesticides, le prochain "amiante" ?
jeudi, 2 octobre 2008 / Matthieu Auzanneau /

Chargé de la prospective et du lobbying au Shift Project, think tank de la transition carbone, et blogueur invité du Monde

, / Gaw

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A l’issue d’un vote à rebondissements, la loi sur les conditions de culture des plantes génétiquement modifiées a été adoptée en mai par le Parlement. Le texte promet de garantir la protection des filières « sans OGM », mais renvoie la définition de ce « sans OGM » à un simple règlement qui n’est toujours pas publié. Parle-t-on d’une absence de trace d’OGM dans les récoltes, de moins de 0,1 % d’OGM, soit le seuil de détection, ou bien de moins de 0,9 %, seuil au-delà duquel un étiquetage est obligatoire ? C’est un secret de Polichinelle : garantir une absence de trace, ou même un seuil de 0,1 %, est techniquement impossible. Au gré du vent ou des pattes des abeilles, les pollens OGM se baladent d’un champ à un autre.

La coexistence – que le gouvernement prétend assurer – entre cultures OGM et sans OGM implique de tolérer une dose « acceptable » de « contamination » de l’une par l’autre. D’autant que la nouvelle loi fera peser la responsabilité de la dissémination sur le cultivateur d’OGM qui en sera à l’origine. Pour l’instant, la culture de la principale variété commerciale autorisée, le maïs MON 810 de la firme Monsanto, est suspendue. En 2007, il a été cultivé sur 22 000 ha en France, soit 0,75 % des surfaces de maïs français. Mais son innocuité a depuis été mise en question par la Commission européenne. Cette année, la France devrait rester vierge de cultures OGM à des fins commerciales. A un détail près, souvent ignoré : la grande majorité du bétail français mange du soja OGM importé d’Argentine et des Etats-Unis.

Pesticides : un nouveau scandale de l’amiante ? La France demeure le plus gros utilisateur de pesticides en Europe, avec près de 75 000 tonnes pulvérisées chaque année. Les risques sanitaires, en particulier pour les agriculteurs, commencent à peine à être reconnus. Pourtant des dizaines d’études dans le monde témoignent d’une élévation des risques de tumeurs au cerveau, de sarcomes, de cancers de la prostate, de maladie de Parkinson, voire d’infertilité. Impulsé par le Grenelle, un plan – en cours d’élaboration – vise à réduire de moitié en dix ans le nombre de doses d’herbicides et de pesticides. Et 53 molécules « à risques », présentes dans 1 500 produits, ont été interdites. Cependant, les pesticides s’attardent dans l’environnement. D’après l’Institut français de l’environnement, on trouve des résidus de pesticides dans 96 % des eaux de surface.


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