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Si on arrête Flamanville, on fait quoi ?
jeudi, 17 novembre 2011 / Sophie Caillat (Rue89) /

Journaliste à Rue89

Un parc d’attractions ? Une piscine ? Les propositions sont nombreuses, et parfois farfelues.

L’idée d’une fermeture de Flamanville n’est plus si farfelue. Ecologistes et socialistes viennent de signer un accord en vue de gouverner ensemble en 2012, et si François Hollande entend poursuivre - s’il est élu - le chantier du réacteur EPR, il est désormais suspendu aux résultats d’un audit prévu par l’arrangement conclu entre le Parti socialiste (PS) et Europe Ecologie - Les Verts (EELV).

Il y a ceux pour qui les trois milliards d’euros déjà investis justifient de terminer le chantier, même si les faiblesses du réacteur nucléaire troisième génération, présenté par EDF comme celui du futur, s’accumulent :

En face, les opposants à l’EPR ne veulent pas passer pour des destructeurs d’emplois et cherchent un avenir au site.

Kalkar, un parc d’attraction à succès

Comme le fait remarquer le réseau Sortir du nucléaire :

« Il coûte infiniment moins cher d’arrêter le chantier d’une centrale nucléaire qui n’a jamais démarré, comme le réacteur nucléaire allemand de Kalkar reconverti en parc d’attractions, plutôt que d’essayer de le démanteler après que son fonctionnement l’aura rendu hautement radioactif. »

Kalkar ? L’Allemagne avait en effet renoncé à faire fonctionner en 1991 ce surgénérateur pourtant terminé en 1986 et qui avait déjà englouti 3,5 milliards d’euros, après sept ans de retard.

En 1995, la bête, qui coûtait 50 millions d’euros par an et employait 220 personnes pour son entretien et sa sécurité, a été rachetée par un investisseur néerlandais, qui en a fait un parc d’attractions.

Le site accueille désormais des centaines de milliers de visiteurs par an. L’acheteur a fait une bonne affaire (il l’aurait payée seulement 1,5 million d’euros) mais l’Etat allemand également, puisque les travaux de démolition auraient coûté plusieurs dizaines de millions d’euros.

Aujourd’hui, Wunderland Kalkar, sur les bords du Rhin, est « l’exemple d’une reconversion réussie », selon Developpementdurable.com : « L’ancienne tour de refroidissement, déguisée en piton rocheux, fait désormais office de mur d’escalade permettant aux plus audacieux de grimper jusqu’à 55 mètres de hauteur. Et à l’intérieur de celle-ci est installé un manège ! Grande roue, balançoires, bowling, minigolf… donnent à cette ancienne centrale un authentique air de fête foraine. »

Des crocodiles dans les eaux de Civaux

Aux Philippines, la centrale nucléaire de Bataan, qui a laissé une ardoise de 2,3 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros) sans avoir jamais produit le moindre kilowatt, est en sommeil depuis 1984. Après Fukushima, le directeur régional du tourisme a annoncé à l’AFP que l’usine serait ouverte aux visiteurs : « Ce sera une expérience pédagogique. Vous pourrez voir toutes les machines, tout l’équipement et comprendre ce qui est arrivé à Fukushima et ce qui n’arrivera pas à Bataan. »

En France, les centrales en démantèlement partiel ou total (Superphénix, Brennilis, Chinon, Saint-Laurent et Bugey) sont encore bien trop radioactives pour imaginer de futurs parcs d’attraction – les déboires du démontage du réacteur expérimentale de Brennilis en témoignent.

La chance de Flamanville, font valoir les écolos, serait d’être arrêtée avant même d’avoir fonctionné. Sa malchance est que, adossée à deux autres centrales nucléaires, elle pourra difficilement être transformée en parc d’attractions. Sollicité, EDF n’a pas répondu à nos questions sur une telle éventualité.

Au mieux, les touristes pourront-ils profiter des piscines extérieures. Comme à Civaux, dans la Vienne, où les rejets d’eau chaude de la centrale sont utilisés par La Ferme aux crocodiles. Ailleurs, cette eau, non radioactive et habituellement rejetée dans les rivières, est parfois réutilisée pour le chauffage.


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Cet article a été initialement publié, le 16 novembre 2011, sur Rue89


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