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La stevia bientôt dans les produits light
mercredi, 16 novembre 2011 / Marie Molinario

L’utilisation de la stevia dans l’alimentation vient d’être autorisée par la Commission européenne, ouvrant de nouveaux marchés pour les industriels.

Nouvel or vert de l’Europe ? La Commission européenne a autorisé lundi 14 novembre le recours à la stevia en tant qu’édulcorant d’origine naturelle, après un premier avis favorable rendu par l’Agence européenne de sécurité des aliments. Cette autorisation entrera en vigueur le 2 décembre. Dès lors, la stevia pourra ainsi remplacer l’aspartame ou autre édulcorant dans les aliments et boissons.

Extraite de la stevia ribaudiana, plante originaire d’Amérique du Sud, et transformée en poudre blanche, elle a un pouvoir sucrant 200 à 300 fois supérieur à celui du sucre, et sans calorie. Après le Japon, les Etats-Unis et le Brésil, la France avait été le premier pays de l’Union à autoriser en 2009 la commercialisation du rébaudioside A, composant principal de la plante, pour une durée de deux ans.

Bientôt dans un coca ?

Son succès était resté très limité, notamment à cause de son prix élevé, et de son arrière-goût que les industriels tentent de masquer. Mais cette autorisation à l’échelle européenne ouvre de nouveaux marchés. Un chocolatier belge, Cavalier, a déjà annoncé la commercialisation dès décembre d’une gamme de chocolat contenant de la stevia et Coca-cola travaille à l’élaboration d’une nouvelle boisson.

Est-ce une bonne nouvelle pour les consommateurs européens ? Pour le Réseau environnement santé (RES), pas vraiment. « Le problème aujourd’hui, c’est que l’origine n’est pas mentionnée, explique Laurent Chevallier, médecin et président de la commission alimentation du RES. On dit toujours que la stevia est originaire d’Amérique du Sud, mais actuellement elle vient surtout de Chine et on ne connaît pas les modes de culture, ni quels types de solvants ont pu être utilisés pour extraire le rébaudioside A. Par ailleurs ne manque-t-on pas de recul pour cette forme d’utilisation ? »

Des doutes sur l’impact sanitaire ?

Dans un premier avis publié en octobre 2007, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Anses, ancienne Afssa) s’était montrée tout aussi sceptique, invoquant un possible risque sur les organes reproducteurs de l’homme. Des doutes qui l’ont conduit à n’autoriser que le rébaudioside A en août 2009.

La Commission européenne prévoit également de réévaluer l’ensemble des additifs alimentaires autorisés, d’ici 2013. Parmi les priorités : l’aspartame, dont les effets sur la santé devront être réexaminés d’ici septembre 2012. Mais pour Laurent Chevallier, « c’est le principe même des édulcorants qu’il faut remettre en question, puisque ce sont des leurres pour l’organisme. Plusieurs études ont montré que leur consommation, loin de faire perdre du poids, faisait grossir un certain nombre de personnes car les mécanismes de régulation du corps fonctionnent moins bien. Si vous voulez vraiment consommer une boisson light, prenez de l’eau. »