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Industrie cherche idée lumineuse
jeudi, 29 mai 2008
/ Cyrielle Blaire
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/ Jan Banning / Panos / Rea
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Les professionnels n’ont que le mot LED à la bouche. Mais l’éclairage électronique, qui n’en est qu’à ses prémices, va devoir redoubler d’efforts pour emballer les consommateurs.
Quel est le point commun entre les feux du Velib, les flashes GSM d’un téléphone portable et l’ambiance lumineuse du TGV Est ? Vous ne voyez pas ? Tous ces systèmes d’éclairage fonctionnent grâce à des diodes électroluminescentes. Retour historique. La fin du XIXe siècle fut marquée par l’apparition de la bonne vieille lampe à incandescence d’Edison.
Le XXe siècle permit l’émergence d’une lampe à fluorescence économe en énergie. Mais la révolution du siècle qui s’ouvre pourrait bien venir de la lumière électronique, à travers les LED (Light-Emitting Diode) fonctio nnant à très basse tension. Ses atouts ? Des couleurs saturées qui font craquer les décorateurs, une faible consommation électrique, une forte luminosité et un allumage instantané capables de séduire les ménages. Ces diodes miniaturisées sont aussi en mesure de résister près d’une centaine de milliers d’heures. Petites mais costaudes donc. Car l’obsession aujourd’hui consiste à éclairer à l’économie.
Les blocages de la ménagère Dans les années 1980, en réponse au deuxième choc pétrolier, les industriels propulsaient dans le panier de la ménagère la lampe basse consommation à fluorescence de mercure. Cette technologie consommait en effet 4,5 fois moins d’énergie que l’incandescence. Mais voilà, les premiers modèles fluocompacts firent un flop. Trop froids, trop lourdingues avec leurs doubles culots, trop lents à s’allumer. Bref, une calamité. « La ménagère de moins de 50 ans n’a pas adhéré », lâche Bernard Duval, délégué général de l’Association française de l’éclairage. Depuis, un arsenal de normes a contribué à l’amélioration qualitative de celle qu’on surnomme la « fluo ». Elle a ainsi conquis le secteur tertiaire. Mais le marché domestique lui résiste. Alors que 280 millions de lampes à incandescence sont vendues chaque année en France, seules 20 millions d’ampoules basse consommation sont achetées par les ménages.
« On ne peut pas convertir des pratiques du jour au lendemain, même en réglementant », déplore Bernard Duval. On compte aujourd’hui, en moyenne, seulement deux lampes basses consommation par foyer. Avec 95 % des incandescentes situées à l’intérieur de nos maisons, l’enjeu est pourtant clair. Les gros culots de la fluo ne sont plus à la mode ? Qu’à cela ne tienne. La lampe halogène haute efficacité, qui vient de débarquer sur le marché, permet de réaliser 30 % à 50 % d’économie et dure plus longtemps qu’une lampe classique. « Elle apporte une meilleure qualité de lumière et d’allumage que la fluocompacte. C’est une bonne technologie transitoire en attendant l’arrivée des LED », indique Pierre Yves Monleau, chargé de communication au Syndicat de l’éclairage.
Grâce à leur qualité de restitution des couleurs, elle se sont imposées dans des domaines comme l’illumination, la décoration et la signalisation. Les communes elles aussi s’y convertissent afin de conjuguer économie et esthétisme. A Rouen, la mise en lumière de la Tour des archives grâce à des LED a permis de diviser la facture d’électricité par six. Les LED sont partout et elles séduisent, comme ces diodes installées il y a une dizaine d’années à tous nos feux tricolores et qui s’y trouvent encore.
Alors à quand des LED pour s’éclairer à la maison- ? A l’heure actuelle, « -les diodes permettent d’éclairer, mais pas de s’éclairer, résume Bernard Duval. Mais la révolution est marche. On peut ainsi, depuis quelques années, générer de la lumière blanche.- » Or qui dit blanc, dit éclairage général. En septembre 2007, CREE, un des leaders dans le domaine des éclairages électroniques, annonçait qu’une de ses LED blanches avait été en mesure de produire l’équivalent lumineux d’une ampoule domestique de 75-W. Un bond de géant pour des puces qui pourraient bientôt mettre au rancart halogènes et incandescentes.
Pour autant, la qualité lumineuse des LED blanches doit encore être améliorée afin de trouver preneur chez les consommateurs. Obtenues grâce au saupoudrage de poudres fluorescentes jaunes sur des diodes bleues, elles ne donnent pas toujours le rendu voulu. Les ambiances sont souvent jugées trop « -froides- », le blanc a tendance à « - tourner- » avec le temps ou une augmentation de la température. Mais surtout, « - l’électroluminescence reste une technologie qui coûte cher- », insiste Georges Zissis, chercheur spécialisé dans les sciences de la lumière. Le salut pourrait venir alors d’une cousine des LED, celle dite organique, l’OLED. Après quatre-ans de recherches et de tests, General Electric, le géant américain, est parvenu à fabriquer sur rotatives des composants OLED à faibles coûts. Son objectif est désormais de commercialiser ces nouveaux produits d’éclairage d’ici à 2010.
Dans les pays émergents, l’enjeu est tout autre. Une partie de la terre n’est effectivement pas encore éclairée- : 1,6-milliard d’humains n’ont pas encore l’électricité. Seuls 26% des Africains y ont accès. L’électricité électronique pourrait-elle changer la donne- ? C’est ce que veut croire Frédérique Le Houedec. « -En arrivant au bout du monde dans un baraquement kényan, j’allume la lumière, raconte-t-elle. Or il était équipé de LED alimentées par un capteur solaire.- » Une solution que développe Light up the World, une ONG qui s’est donné pour mission d’équiper en diodes alimentées au solaire des foyers jusque-là dépourvus d’électricité.
Attention toutefois aux fausses bonnes idées. « -Certaines études montrent que les consommateurs auraient tendance à laisser leurs ampoules basse consommation allumées plus longtemps, ce qui annulerait les gains en économie d’énergie…- » rapporte Julien Irraga Gracia. Hum, hum… Je vais aller vérifier si j’ai bien éteint dans la cuisine…-—
Dans une usine Philips en Pologne, en 1995 GIF - 92.9 ko 250 x 376 pixels |