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Natures virtuelles
mercredi, 30 avril 2008 / Karen Bastien

Dégommer un adversaire, attaquer une ville, tout ceci est possible en jeu vidéo. Mais pas encore défendre la planète.

La pression monte sur Philippe Le Gonnidec. Le directeur de la société de multimédia Quark & Plug-ins s’est lancé dans un chantier pharaonique : créer un Second Life du développement durable. SOS-21 est en effet annoncé comme un monde virtuel, gratuit et pour toute la famille, où chacun serait évalué en fonction de ses émissions de CO2. Serez-vous alors un Toumaï, c’est-à-dire un citoyen protecteur et actif, ou un Piraniak, un consommateur-gaspilleur précipitant la planète vers sa perte ? Encore un peu de patience avant de le dire, car le lancement du jeu est à nouveau reporté. La faute à une énorme masse de contenus pédagogiques à gérer, confie Philippe Le Gonnidec sur son site.

C’est que SOS-21 essuie les plâtres dans un secteur du jeu vidéo qui ne s’est jamais passionné pour les combats verts. Derrière les consoles, ce qui passionne c’est plutôt « la Bourse, le sport et la bagarre  », reconnaît-on chez Sony, le concepteur des Playstation. « Et puis, quand on veut faire passer un message, le risque est grand de passer par du narratif et non de l’interactif. Tout l’inverse des jeux vidéo, qui doivent éviter le contemplatif », explique Didier Quentin, responsable pédagogique à SupinfoGame. A noter pour les adultes l’exception de Life Simulation, qui propose de prendre la tête d’une expédition scientifique devant reboiser les régions les plus sinistrées du globe. Et pour les enfants, A la poursuite des biotrafiquants », où, membre d’une ONG, vous partez en mission sur les points chauds écologiques de la planète.

Les fleurs de Capucine

Alors la défense de la nature ne serait-elle pas assez fun pour séduire les fans de jeux vidéos ? « Non, c’est une thématique qui imprègne petit à petit les univers de jeux. Car c’est une réalité dans laquelle vit la jeune génération de game designers », ajoute Didier Quentin. Dans Capucine, l’un des derniers projets d’étudiants, une enfant, fleurs de lumière à la main, doit redonner vie à un environnement moribond et débloquer des sources d’eau. « L’antagonisme vie/mort reste un indémodable, quel que soit son domaine d’expression », conclut Didier Quentin. —