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Le four à micro-ondes
mercredi, 30 avril 2008 / Cire , / Louise Allavoine

Le roi de la cuisson ultrarapide, symbole des petits plats congelés, se recycle. Mais un petit peu seulement.

Qui ne possède pas encore un « micro-ondes » dans un coin de sa cuisine aujourd’hui ? A peine 2 ménages sur 10. Dire qu’en 1985 les propriétaires du four à grande vitesse n’étaient que 4 %. De révolution ménagère, il s’est converti en outil de première nécessité. « Moulinex libère la femme », scande la marque historique du micro-ondes dans l’Hexagone. Plus le temps de faire la popote quand on travaille. Or, le four à microondes réchauffe vite, très vite même, et ne nécessite qu’un minimum de manipulations et d’ustensiles. En outre, il consomme moins d’énergie que son cousin le four électrique. Un bon point. Avec lui, vive le congelé, vive le tout-préparé et vive… l’emballage. Moins un point.

D’ailleurs, comment se jette l’appareil phare de l’ère du jetable ? Quand il rend sa dernière onde au bout d’une dizaine d’années, file-t-il à la poubelle ? Pas si vite. Les déchets d’équipements électriques et électroniques – D3E en abrégé – doivent être recyclés. Bruxelles l’exige. En 2006, la France a donc mis en place une filière agréée. Aux fabricants de l’organiser. Ils se sont regroupés au sein de quatre éco-organismes chargés de retraiter les produits : Eco-systèmes, Ecologic, ERP et Recyclum. Qui paye ces structures ?

Le consommateur qui, à chaque nouvel achat d’électroménager, débourse une écoparticipation. Pour un four à micro-ondes, comptez 2 euros. Qui collecte les appareils ? Le magasin, qui a pour obligation de reprendre votre vieil appareil contre l’achat d’un nouveau. C’est le principe du « un pour un ». Cette filière fonctionne depuis le 15 novembre 2006. Aujourd’hui, 10 300 points de collecte sont opérationnels, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Bilan : en 2007, avec 2,4 kg collectés par habitant, on est loin des 4 kg espérés. La filière mise en place ne dessert, en outre, que 38 millions de Français, soit 60 % de la population.L’Ademe espère que tous les Français seront « couverts » à la fin 2009. D’ici là, au mieux, les vieux appareils électroménagers patientent au fond du garage. Au pire, ils viennent s’échouer dans la nature, dans des décharges, ou brûlent dans les incinérateurs. « Et les nombreuses substances toxiques contenues dans les fumées passent, en majorité, au travers des filtres des cheminées », déplore Hélène Bourges, du Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid).

Aluminium, plastiques et aciers

Le four à micro-ondes appartient au flux « gros électroménager hors froid », comme on dit dans le jargon. C’est Eco-systèmes, le plus important des quatre éco-organismes (73 % des parts de marché), qui a la charge de retraiter cette famille de déchets. Il faut d’abord dépolluer l’appareil en extrayant les matériaux dangereux (condensateurs, câbles). Puis séparer et broyer les matières : « ferreux d’un côté, non ferreux de l’autre », détaille l’éco-organisme. Le micro-ondes n’appartient pas à la catégorie la plus polluante. « Les plus dangereux pour la santé et pour l’environnement sont les réfrigérateurs, qui contiennent des gaz CFC, et les écrans, qui sont composés de poudres électroluminescentes », indique Eco-systèmes.

Seulement, le four à micro-ondes contient de nombreux matériaux, notamment de l’aluminium, des plastiques et des aciers inoxydables issus de ressources non renouvelables. Lors de la fabrication, ces derniers doivent être acheminées jusqu’aux lieux de production, pour la plupart délocalisés en Chine. Et une fois assemblés, les micro-ondes parcourent encore des milliers de kilomètres avant de pouvoir trôner en rayons. « Nous favorisons des modes de transport moins polluants, comme le transport maritime  », défend le fabricant américain Whirlpool, qui détient 12,7 % des parts du marchés du micro-ondes en France. Quant à la composition des produits, la marque affirme « travailler en amont dès la conception, pour limiter le nombre de matériaux, favoriser la recyclabilité de [ses] produits et optimiser l’usage de l’appareil ». —


Pas d’ondes de choc sur la santé

Le four à micro-ondes est-il inoffensif ? Depuis sa mise sur le marché au début des années 1980, il affronte des détracteurs. Selon le docteur Alain Scohy, on peut observer des fuites après trois à quatre heures cumulées d’utilisation qui « peuvent générer à la longue des troubles de la vue, de l’appareil génital et du coeur ». Il s’appuie sur des travaux sur les ondes radioélectriques du professeur Luis Miro du CHU de Nîmes. Pourtant, le Conseil supérieur d’hygiène publique de France (CSHPF) a conclu, en 1999, que « le four à micro-ondes est un appareil sûr (...) au regard, notamment, des radiations ionisantes ».

Pour le réseau belge Eco-consommation, les « risques liés aux ondes sont quasi inexistants pour un four en bon état ». Il conseille seulement de veiller à la bonne étanchéité de son four. Anne-Frédérique Gautier, du groupe Whirlpool, s’étonne qu’on puisse encore se poser la question : « Des études scientifiques ont depuis longtemps démontré son innocuité pour la santé. »

- L’organisme Eco-systèmes

- La fiche du réseau Eco-consommation sur le four à micro-ondes

- Le Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils d’équipement ménager (Gifam)


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