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Un pont cinématographique entre les continents
vendredi, 11 avril 2008
/ Isabelle Wesselingh
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Avec Made in Film-Land, Caroline Aragon veut jeter des ponts cinématographiques entre les continents.
Montrer un film colombien à Helsinki, ouvrir les portes des cinémas américains à un réalisateur hongrois ou égyptien : telle est l’ambition de Made in Film-Land, une société de production montée par la réalisatrice Caroline Aragon à New York. Ses cheveux bruns et son nom, Aragon, évoquent l’Espagne. Son enfance et son adolescence furent parisienne, à deux pas des cinémas d’art et d’essai de la rive gauche et de la rue Daguerre, chère à la réalisatrice Agnès Varda. Ses influences cinématographiques vont de l’Italie à la Suède (incontournables Bergman et Fellini !). Ses pas l’ont guidée de Montréal à Cape Town avant de s’arrêter à New York, il y a sept ans. Caroline Aragon venait d’être acceptée à la prestigieuse New York University Tisch School of the Arts (NYU), section cinéma. Un sésame réservé à un nombre très restreint d’étudiants.
"Pourquoi avoir tenté New York ? Mon futur professeur de réalisation russe m’a posée la question lors de mon entretien d’entrée à la NYU, car il avait lui-même émigré 15 ans plus tôt. La réponse me semblait évidente. New York, c’est la ville cosmopolite par excellence, un peu comme une capitale culturelle du monde, où tout artiste se doit de passer à un moment ou à un autre. Cette qualité là m’importait beaucoup. Pour que je puisse me poser quelque part il fallait que tout soit là à portée de main.", explique-t-elle.
Avec une étudiante américano-hongroise de la NYU, Monica Hoenig-Török, Caroline lance Made in Film-Land. Leur ambition : soutenir la diffusion de films et de vidéos de metteurs en scène aussi bien Mexicains qu’Ukrainiens dans toutes les régions du monde. « Par nos origines, et nos collaborateurs, nous avons un réseau de contacts locaux très développé », expliquent les créatrices de Made in Film-Land. "On voudrait que le réalisateur hongrois, par exemple, que nous produirions puisse être vu non seulement en France mais aussi en Hongrie, aux Etats-Unis ou au Mexique. J’ai trop vu de films de mes amis américains ou pas, ces dernières années qui sont produits aux Etats-Unis mais n’obtiennent pas de distribution, et leur vie s’arrête dans les festivals prestigieux comme Cannes ou Tribeca. Or ces films ont un public, le tout est de le trouver dans un continent ou dans l’autre.", explique Caroline. Elle estime qu’en France, elles n’auraient jamais pu monter aussi facilement une société, avec « seulement nos capacités artistiques et techniques ».
New York et les Etats-Unis lui ont permis de travailler cette technique essentielle de la narration. Un aspect qui lui manque dans une grande partie du cinéma français actuel. "Peut-être est-ce une vue pleine de préjugés, mais pour moi le cinéma français est un cinéma parisien qui raconte à 50 ou parfois 70% l’histoire de dîners entre trentenaires-quadragénaires et leurs problèmes de couples ou de crise existentielle", dit-elle. Elle reste toutefois admirative de l’ouverture du public au cinéma de toutes les époques et de tous les continents, surtout à Paris. "Je ne connais pas à ce jour de ville où l’on puisse voir autant de films différents en salle dans une même semaine". Les deux filles de Made in Film-Land espèrent qu’elles pourront contribuer un peu plus à cette diversité, à Paris et ailleurs.
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