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Vert clair et péril jaune
jeudi, 6 janvier 2005
/ Nicolas Sridi
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Croissance économique explosive, capitalisme sauvage et pouvoirs publics pas toujours compréhensifs, font de la mission de Sze Pangcheung une gageure. Directeur du bureau de Greenpeace à Pékin, il tente d’inocculer le virus du développement durable.
Perché au dixième étage d’une des tours ultra-modernes du quartier des ambassades, le bureau pékinois de Greenpeace baigne dans la couche blanchâtre de pollution caractéristique de la capitale chinoise. Formée il y a trois ans, l’équipe du bureau ne cesse de s’étoffer à mesure que Greenpeace bascule ses activités de Hongkong, vers la partie continentale de la République populaire. Sze Pangcheung est originaire de l’ancienne colonie britannique. Agé de 30 ans, arborant un look décontracté jean-basket, il dirige 7 personnes à Pékin et coordonne les actions des bureaux des autres provinces.
En fait Sze s’est formé à l’activisme à Hongkong, en travaillant pour les réseaux associatifs étudiants et les syndicats de travailleurs. Simple militant, il s’est un jour porté volontaire pour participer à une action internationale de Greenpeace en Amazonie, et représenter la Chine sur place. Après avoir manifesté un mois durant avec les Indiens, contre la destruction de la forêt, il s’engage pour de bon dans l’organisation. "A Hongkong, j’avais l’impression de tourner en rond, je m’ennuyais. En Amazonie, j’ai travaillé avec des gens du monde entier et j’ai pu apprécier la qualité des actions de Greenpeace. Au retour, j’ai accepté le challenge de créer et diriger un bureau".
Sur la forme, l’organisation se heurte aussi à quelques obstacles. Premier d’entre eux : il est impossible de communiquer sur tout le territoire pour toucher la population dans son ensemble. Seul l’Etat en a aujourd’hui les capacités. Exclues aussi, les actions coups de poing, dont est coutumière l’organisation, ainsi que les manifestations de rue. "Aucun média n’attend de nous des actions musclées et revendicatives. Non seulement notre bureau serait fermé mais le journal qui relayerait l’information aussi !"
Depuis quelques semaines, le bureau de Pékin a tout de même initié une première : sillonner en bus la province rizicole du Yunnan, pour appuyer une campagne d’information sur la culture du riz OGM. L’idée est à la fois de défendre la qualité de l’agriculture traditionnelle chinoise, sa biodiversité mais aussi de promouvoir un modèle alternatif de développement pour la Chine. "Si nous continuons notre développement au rythme actuel sans prendre en compte l’environnement, c’est le monde entier qui est en danger !, prévient Sze. Nous devons conserver une agriculture basée essentiellement sur la main-d’œuvre, sous peine de faire exploser le chômage rural et mettre en péril la croissance économique". Selon Sze Pangcheung, le gouvernement ne serait pas insensible à ce type d’argument. "D’une certaine manière la Chine n’a pas le choix".
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