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Sénégal trip
jeudi, 31 janvier 2008 / Virginie Leray

Comment vivre dans un parc naturel protégé ? Au Niokolo Koba, les populations locales se sont approprié un écotourisme original.

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(Crédit : Michael Zumstein / Oeil Public)

"Sortir le “ Sénégal oublié ” de l’oubli. » C’est le credo de Maddy N’Diaye, guide dans le sud-est du pays, à 650 km de Dakar. Sur la moitié de cette région, pauvre et enclavée, s’étend le plus grand parc naturel national d’Afrique de l’Ouest, le Niokolo Koba. Appareil en bandoulière, quelque 4 000 visiteurs découvrent chaque année ses 913 000 hectares, classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Un atout ? Pas vraiment. Car les populations locales, qui vivaient de chasse et de pêche avant que l’ancienne réserve devienne territoire protégé en 1969, ne récoltent pas la manne touristique promise. Résultat : aigreur et braconnage se répandent.

Maddy N’Diaye, lui-même ancien braconnier, devenu membre de l’Association sénégalaise des amis de la nature (Asan), entend réconcilier les autochtones avec leur parc. « Les formations au maraîchage de l’agence régionale de développement ou l’émission radio consacrée au parc que j’anime montrent que les autorités sont passées de la répression à la prévention. C’est positif, mais il faut encore que les populations locales profitent des retombées touristiques. » Or le potentiel est là, grâce à la formule clé de l’écotourisme à l’africaine : les groupements d’intérêt économique (GIE). Comme en France, ces structures, à mi-chemin entre société et association, permettent à leurs adhérentscotisants de démarrer une activité avec un faible capital. Grâce à des investissements limités – de 1 000 à 6 000 euros –, une quinzaine de GIE se sont montés depuis vingt ans, en périphérie du parc, souvent dans le cadre de la coopération décentralisée avec la région Provence-Alpes- Côte d’Azur et avec le coup de pouce d’ONG françaises.

S’émanciper de l’Occident

A Ethiolo, petit hameau sans eau ni électricité, perdu dans les collines qui séparent le Sénégal de la Guinée, le campement a sauvé les traditions de l’ethnie bassarie. « Faute d’argent pour festoyer et de jeunes à initier, nous avions cessé de célébrer nos fêtes à la fin des années 1980. Aujourd’hui, les visiteurs qui y assistent soutiennent notre activité d’artisanat d’art », raconte Balingo, le gérant. A Dindefelo, au pied d’une cascade de 80 mètres, le campement emploie une équipe de 11 salariés afin d’associer ddy N’Diaye connaît chacun de ces sites pour y emmener régulièrement des touristes, notamment pour le compte d’agences de voyage françaises.

Basé à Dialacoto, il y profite du récent lancement d’un GIE par le tour-opérateur équitable ICDAfrique pour faire fructifier son expérience. Mais il rêve surtout de s’émanciper de ses mentors et modèles occidentaux : « Nos campements doivent se mettre en réseau pour proposer directement aux clients des circuits écotouristiques à un prix juste », affirme-t-il. Difficile pour autant de couper le cordon. Maddy tente donc de trouver des appuis autour de lui. A défaut d’un soutien de l’Etat, il tisse des liens avec les acteurs régionaux du tourisme. Résultat : en mai 2007, les itinéraires à la carte proposés par Maddy ont séduit une vingtaine de clients. Des touristes souvent incités à troquer le 4x4, obligatoire dans le parc, pour des treks organisés à Ethiolo ou des promenades en charrette, au gré des fêtes des villages, à travers bananeraies et forêts classées.


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(Crédit : Michael Zumstein / Oeil Public)
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