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Le diamant
jeudi, 31 janvier 2008
/ Cire
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/ Louise Allavoine
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De la mine aux bijouteries de luxe, le parcours du diamant n’est pas toujours éclatant.
Attawapiskat, dans le Grand Nord canadien. Vue du ciel, la mine Victor ressemble à un escargot. Vue de la terre, c’est un gigantesque amphithéâtre de 250 mètres de profondeur pour un kilomètre de diamètre. Depuis janvier, la compagnie De Beers donne ici des coups de pelleteuses qui valent de l’or, ou plutôt du diamant. Sur 700 tonnes de roches arrachées à l’explosif et déblayées par les bulldozers au quotidien, on trouverait au moins 160 carats [1] de pierres brutes. Valeur à ce stade : 45 000 euros. Une fois extrait du sous-sol, le diamant brut est séparé de la roche dans laquelle il se trouve incrusté, grâce à un procédé utilisant eau et sable magnétique. « L’industrie du diamant n’affecte pas l’environnement comme celle de l’or, dont le procédé d’extraction provoque notamment l’accumulation d’arsenic », explique Bruno Pozzera, fin connaisseur de cette filière et responsable du site Diamants-infos. Les pierres, brutes ou taillées sur place, sont triées en fonction de leur qualité et vendues sur les plus grandes Bourses mondiales : Londres, New York, Tel-Aviv et surtout Anvers (Belgique) où transite la moitié du marché mondial. A peine 20 % de la production de diamants bruts est sélectionnée par la joaillerie. Les 80 % restants sont destinés à des usages industriels.
L’industrie diamantifère ne brille pas par sa transparence, notamment en Afrique, qui alimente à elle seule 60 % du marché. Sur ce continent, le diamant constitue une ressource économique majeure. Même en Afrique du Sud, cinquième producteur mondial et pourtant pays africain le plus strict sur les règlements, le diamant est source de conflits. Fin juillet 2007, 11 000 mineurs du géant De Beers se sont mis en grève pour obtenir des augmentations de salaires. Quelques mois plus tard, c’était sur les questions de sécurité que les ouvriers se mobilisaient.
Source de conflits En Afrique, le commerce du diamant est depuis longtemps entaché par le financement de conflits armés. Ces diamants dits « de sang » servent en effet de monnaie d’échange pour l’achat illégal d’armes et de munitions. A la fin des années 1990, les ONG Global Witness, Amnesty International et Oxfam ont dénoncé tour à tour ces pratiques.
Elles ont interpellé les industriels sur les violations multiples des droits de l’Homme qui accompagnent le commerce des pierres : enrôlement de force des enfants dans les milices armées, prostitution, déplacements de population, travail forcé. Ces actions ont abouti en 2000 à la signature du Processus de Kimberley. Cet accord entre Etats, industriels et ONG reste la pierre angulaire de la lutte contre le commerce illicite des diamants. En 2003, les diamantaires criaient victoire. D’après eux, seuls 4 % de diamants sales restent en circulation. Pour les ONG, le véritable chiffre avoisinerait plutôt les 20 %.
L’ONG canadienne Mining Watch
L’ONG Global Witness
Un site d’informations générales sur la filière
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