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Du soda naît la lumière
jeudi, 3 janvier 2008
/ Jean-Claude Gerez
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Au Brésil, le projet « Vale Luz » réduit les factures d’électricité des habitants des favelas. Et recycle les canettes usagées.
Il y a encore trois ans, Alzira pestait contre la saleté de la Nouvelle Hollande, un quartier de la favela da Maré, bidonville de 50 000 habitants de Rio de Janeiro (Brésil). Dans celui-ci, dépourvu de système de toutà- l’égout et déserté par les services de voirie, les habitants ne pouvaient compter que sur eux-mêmes pour éviter de crouler sous les ordures, en particulier les canettes en aluminium des boissons gazeuses. « Et puis un jour, raconte cette dynamique trentenaire, qui est née, a grandi et vit encore aujourd’hui avec son mari et ses quatre enfants dans ce quartier, une “ voiture-son ” est passée dans la favela. La sono expliquait qu’en récupérant ces emballages en aluminium et en les déposant dans des collecteurs placés aux différentes entrées du quartier, on pouvait réduire notre facture d’électricité. » Une information confirmée quelques jours plus tard par la visite d’employés d’Aleris Latasa, une entreprise de production et de recyclage d’aluminium.
L’homme a passé plus de vingt-cinq ans dans l’industrie de l’aluminium. « L’histoire du recyclage des canettes a véritablement commencé en 1991 avec l’implantation d’un premier poste de collecte à la sortie d’un supermarché dans le quartier de Barra da Tijuca, à Rio. Je me souviens que le premier jour, nous avions récolté 127 canettes vides payées chacune 3 centavos (1,2 centime d’euro). Trois ans plus tard, la collecte s’élevait à 18 000 canettes par jour. » Mais « Vale Luz » a véritablement germé dans l’esprit de José Roberto Giosa après le succès du projet « Ecole », consistant à échanger des canettes vides contre des fournitures et des équipements scolaires. « Ce système a fonctionné pendant dix ans et a bénéficié à 16 000 écoles du pays. Non seulement, il palliait les carences budgétaires de l’Etat vis-à-vis des établissements scolaires, mais il avait aussi une valeur éducative en sensibilisant les enfants à la préservation de l’environnement. »
Le projet « Vale Luz » change aujourd’hui la vie de plus d’un million de personnes et représente 450 000 canettes collectées par jour dans le pays. Le prix de ces emballages en aluminium se situe autour de 3 réais le kilo (1,15 euros le kilo). De quoi contribuer à l’excellence brésilienne dans le domaine. Pour la sixième année consécutive, le pays est en effet celui qui a le plus recyclé ses emballages en aluminium au monde. Avec un taux de 94,4 %, il devance le Japon (90,9 %) où le recyclage est pourtant obligatoire, ou encore le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suisse (88 % pour chacun), où la législation est très contraignante. —
FICHE D’IDENTITE
CREATION : mars 2005. IMPLANTATION : actuellement actif dans 3 Etats brésiliens, une extension à trois autres Etats est prévue en 2008. POPULATION CONCERNEE : environ 1 million de personnes. RESULTAT : 450 000 canettes récupérées par jour (soit environ 6 tonnes). Dans le pays, 10 milliards d’emballages sont recyclés chaque année. SECTEUR : l’industrie de l’aluminium représente 4,3 % du PIB du Brésil.
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Ramassage de canettes à Bahia (Crédit : JC Gérez) GIF - 56.4 ko 340 x 229 pixels |