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Un combat sur grand écran
jeudi, 3 janvier 2008
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
John Liu promène sa caméra partout dans le monde pour témoigner de la dégradation des écosystèmes, mais surtout montrer des solutions. Ecoles, palais présidentiels, conférences internationales… Rien ne résiste à ses films.
Il se dit à l’aise partout. Dans la poussière d’un bidonville du Rwanda comme au comptoir d’un pub londonien, où il est venu exposer ses actions ce jour-là. Fils d’un père chinois et d’une mère d’origine écossaise, John Liu l’Américain a fait honneur au méli-mélo de ses racines en arpentant le globe. Et construit une vision du monde en forme de microcosme, fragile au creux de sa paume. Aujourd’hui, le directeur de l’EEMP (traduit en français par « Projet médiatique pour l’éducation à l’environnement ») a endossé une mission de taille : sensibiliser les humains aux problèmes écologiques et offrir des solutions.
Nous sommes à la fin des années 1980. L’histoire de John Liu suit un cours inattendu. Caméraman pour la chaîne d’information américaine CBS à Pékin, John est catapulté aux quatre coins du bloc soviétique en début d’effondrement. Les premières questions émergent. « Qu’est ce qui est important ? Les sujets politiques, économiques, me semblaient soudainement centrés sur des enjeux uniquement humains. » Au même moment, la Chine commence à ressentir les effets d’une économie et d’une population en croissance exponentielle. Des nuages de pollution s’amassent au-dessus de ses villes, la poussière y règne. « Quand j’arrivais au bureau, je me disais chaque matin : “ Il faut faire quelque chose. ” Jusqu’à ce qu’un jour, je me dise que c’était peut-être à moi d’agir. »
John Liu est heureux, mais pas encore satisfait. Les frontières de la Chine tiennent sa mission trop à l’étroit. Il lance donc le projet Earth Hope, une initiative médiatique d’envergure chargée d’« engager la communauté internationale à réduire la pauvreté et à réhabiliter l’écosystème à grande échelle ». L’idée a germé au détour d’un de ses reportages. En 1995, John Liu filmait alors la réhabilitation du plateau de loess en Chine centrale. Dans ce paysage lunaire, grand comme la France, élevage et agriculture intensifs ont stérilisé les sols. Les cultivateurs et les éleveurs vivotent entre deux famines. John Liu persuade les villageois de replanter des arbres, de bannir les cultures en pente et le pâturage des bêtes en plein air. Dix ans plus tard, les collines du plateau ont retrouvé leurs vertes couleurs et les habitants une source de revenus régulière.
Rien ne sert de résoudre un problème environnemental dans son coin, martèle l’Américain, car les lois de l’écosystème ne s’arrêtent pas aux frontières des pays. C’est donc en tant qu’« espèce humaine » qu’il faut agir, assure-t-il. A lui de relayer le message. « Qui suis-je ? Un simple cameraman ? Et pourtant, j’offre une réponse au changement climatique. Ce n’est peut-être pas la solution ultime. Mais en absence d’alternative, il faut exploiter celle-là. Car c’est maintenant qu’il faut agir. » —
FICHE D’IDENTITE
FONDATEUR : John Liu. CREATION : 1997. OBJECTIF : sensibiliser aux problèmes environnementaux à travers des films documentaires. REALISATIONS : création de la plus grande bibliothèque chinoise sur le développement durable en 1998, ouverture d’un réseau d’information chinois sur le sida en 2002. PARTENAIRES : Nations unies, Banque mondiale, Union européenne, ministère britannique du Développement international (DFID), Banque asiatique de développement (ADB)...
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Montagne en Ethiopie, pays dont le président a été séduit par le projet de John Liu (crédit : Ittel / Sipa) GIF - 51.9 ko 330 x 217 pixels |