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"Superépicerie" solidaire
jeudi, 29 novembre 2007 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

En fédérant une centaine d’épiceries sociales et solidaires et 200 000 personnes en France, Andes veut bouleverser l’aide alimentaire.

Tout est parti d’un chiffre. En France, 3,7 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Et d’une évidence économique : plus les ressources d’un individu sont faibles, plus la part qu’il consacre à l’alimentation est importante. Ces deux phrases, Guillaume Bapst les a tournées et retournées dans sa tête avant de lancer, avec d’autres, l’Association nationale de développement des épiceries solidaires et sociales (Andes).

L’idée est ambitieuse : offrir des produits aux personnes dont les revenus ne dépassent pas 3 euros par jour. Le chariot ne s’y paye que 10 % à 20 % de son coût réel. L’essentiel des produits est acheté à prix compétitifs par Andes auprès d’entreprises de l’agro-alimentaire et d’enseignes distributrices. « Tous les jours, on reçoit un semi-remorque de lait, 400 tonnes de sucre par an... Et ça, une épicerie seule serait incapable de le gérer. »

L’association approvisionne ensuite ses épiceries adhérentes, une centaine dans toute la France. Ce sont 200 000 personnes qui bénéficient chaque année de ce réseau qui ne cesse de croître. Guillaume Bapst a plus d’une idée dans son sac. Sa dernière trouvaille ? Négocier en direct avec le marché de Rungis pour collecter les tonnes d’aliments non vendus mais consommables. Cinq tonnes de fruits et légumes par jour vont ainsi tomber dans les prochaines semaines dans les cabas du réseau Andes.

Gros carnet d’adresses

Né en 2001, le projet a définitivement décollé en 2007. « Pensez que l’année dernière, notre chiffre d’affaires n’était que de 200 000 euros. Aujourd’hui, nous allons franchir la barre des 3 millions. » Entre-temps, Andes a décroché le label décerné par Ashoka, association d’entrepreneurs sociaux. Le carnet d’adresses s’est alors ouvert et l’activité s’est structurée. Catherine Leroy-Jay Fredet, d’Ashoka, juge le projet « innovant et fédérateur ». Quant au bouillant fondateur, le verdict est sans appel : « sens du concret, capacité à résoudre les problèmes ».

A 46 ans, cet ancien directeur d’office HLM veut donner l’exemple. Chez Andes, pas de contrats précaires, une grosse motivation et huit salariés embarqués dans le même bateau. Bapst l’assume : « Le capitalisme crée de la perversité. A notre humble niveau, nous essayons de détourner cette perversité et de l’utiliser. »


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