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Filer un bon coton
jeudi, 29 novembre 2007 / Frédéric Stucin (M.Y.O.P) , / Elise Vincent

Du rap à l’écharpe, il y a un grand pas, écologique et équitable, que deux jeunes Parisiens ont franchi.

Ils affichent des airs de jeunes cadres dynamiques et dégainent les formules marketing à tour de bras. Hervé Guétin et Stéphane Martin (en photo ci-dessus) sont pourtant des pionniers du coton biologique. « Des défricheurs » du textile équitable français, précisent-ils. En 2005, année de son lancement, leur marque Seyes a été primée par l’Ethical Fashion Show, rendez-vous annuel de la mode bio-équitable internationale. Depuis, les deux compères de 29 ans ont tout connu, ou presque, des difficultés à vivre du développement durable. Jusqu’au lancement de leur gamme d’écharpes écologiques, ce Noël.

Leur aventure avait pourtant bien commencé. Camarades de promo à l’école de commerce EPSCI du groupe Essec, Hervé et Stéphane sont tous les deux passionnés de musique rap. L’un écrit les textes et chante, l’autre compose et accompagne au clavier. A l’époque, ils décident de se lancer dans le développement durable : « On se disait que, comme le rap, c’était un moyen de s’engager et de continuer à faire passer un message, raconte Hervé. On pouvait utiliser nos outils marketing tout en faisant quelque chose de citoyen “ made in qualité ”. »

Dans la famille de l’économie durable, les deux hommes, originaires de la région parisienne, optent pour le textile. Et troquent « le micro pour le tricot ». Dans un premier temps, ils décident de concevoir des pull-overs, cassent leur tirelire et créent leur SARL avec 18 000 euros de capital. Mettre sur pied une chaîne de production bio-équitable dans les moindres détails leur prend un an. Le temps d’apprendre à jongler avec les normes environnementales et les labels. Au final, le coton biologique certifié AB et cultivé selon les principes du commerce équitable viendra d’Inde. Les teintures écologiques et le tricotage s’effectueront, eux, respectivement à Rouen (Seine-Maritime) et à Roanne (Loire).

Un studio pour siège social

A contre-courant de la sinistrose du secteur textile en France, Hervé et Stéphane décident de s’appuyer sur des entrepreneurs locaux. « Le commerce équitable ne doit pas nécessairement aller dans le seul sens Nord-Sud », argumente Hervé. Mais au mois de janvier 2007, alors que leur première collection de pull-overs est en cours de conception, leur fabricant français est victime d’un incendie. Du jour au lendemain, il met la clé sous la porte. « C’était la catastrophe, explique Hervé. Mais du coup, on a décidé de tout remettre à plat. » Des pull-overs, Seyes passe alors aux écharpes. Le nom de la marque est conservé, la chaîne de production aussi. « Sauf qu’on n’a plus six tailles à gérer, des modèles hommes et femmes… », fait remarquer Hervé.

Six mois de travail plus tard, jour et nuit confondus, les deux amis sont en passe de réussir leur pari. Certes, ils ne se versent toujours pas de salaire et le domicile d’Hervé, un studio, héberge toujours le siège social de la petite structure. Certes, ils restent « multifonctions », assurant aussi bien la partie administrative que la distribution. Mais malgré ses déboires, la micro-entreprise a déjà doublé son chiffre d’affaires annuel depuis sa création : 55 000 euros (hors période de Noël). Via le Net et dans le réseau de boutiques, le compte à rebours pour les fêtes a commencé. —

Le site de Seyes


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