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Le pétrole flambe, la planète tremble
jeudi, 8 novembre 2007 / Walter Bouvais /

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A plus de 98 dollars le baril, la dépendance au pétrole coûte cher. L’addition environnementale est encore plus salée.

De record en record, le cours du baril de pétrole flirte avec le seuil historique et hautement symbolique des 100 dollars. Dans les dernières heures, et pour la première fois de son histoire, le cours du brut léger (Light Sweet Crude Oil) a franchi la barre de 98 dollars sur la bourse d’échanges des matières premières de New York (NYMEX).

Parmi les explications : les tensions géopolitiques, le niveau plutôt faible des stocks américains alors que les spécialistes redoutent un hiver rigoureux dans l’hémisphère nord, mais aussi la pression des spéculateurs. Ces derniers tendent à amplifier les mouvements de hausse et de baisse, et en fonction de leurs choix d’investissement, le franchissement du seuil de 100 dollars ne se fera peut-être pas immédiatement.

Quoi qu’il en soit, tout semble indiquer que répondre à la demande croissante d’or noir dans les prochaines années deviendra de plus en plus complexe. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) table, dans son scénario « tendanciel », sur une demande d’environ 116 millions de barils de pétrole par jour à échéance 2030. Or, rien n’indique que la production pourra suivre le rythme de cette demande effrénée.

Pétrole brut contre propos bruts de décoffrage

Le Financial Times rapporte ainsi des propos « bruts de décoffrage » tenus par Christophe de Margerie, le directeur général du groupe pétrolier français Total, qui vont à l’encontre de cette vision « optimiste » de l’AIE : « 100 millions de barils par jour est désormais une perspective optimiste. (...) Ce n’est pas mon opinion, c’est celle de l’industrie, ou celle de ceux qui ont pour habitude de parler clairement, honnêtement, plutôt que dire ce que leur auditoire souhaite entendre », assène Christophe de Margerie.

Plusieurs conséquences sont alors à redouter. D’abord, une poursuite de la hausse des prix, et un retour de l’inflation (ce que redoute déjà la Banque centrale européenne). Ensuite, un risque de ralentissement de l’activité économique dû à cette hausse du prix du pétrole (et d’autres matières premières, plus généralement).

Carburants lourds... de conséquences

Tout cela aura, parallèlement, un impact sur l’environnement. Reprenons le scénario de l’AIE (116 millions de baril par jour). Celui-ci implique une augmentation des émissions de CO2 de 55% entre 2004 et 2030 ! On sait déjà que la planète, aujourd’hui en surchauffe, ne tiendrait pas un tel choc.

Mais il y a plus grave. Si le prix du pétrole augmente et que la demande reste forte, les producteurs chercheront à mettre en oeuvre de nouvelles techniques d’exploitation. Un excellent article de Business Week (29 octobre 2007) fait le point sur les « carburants alternatifs » : gaz et charbon liquéfiés, biocarburants, pétrole superlourd et schistes bitumeux. Aujourd’hui ces matières premières fossiles représentent autour de 2 millions de barils par jour (2% de la production mondiale). En 2030, leur production pourrait dépasser 10 millions de barils/jour (entre 9 et 10% de la production, selon les prévisions). Ces carburants sont encore plus émetteurs de CO2 que le pétrole.

Inflation, tensions géopolitiques, crises économiques et suicide environnemental : c’est le monde que nous promet un baril de pétrole autour de 100 dollars aujourd’hui.

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