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Les bâtiments colmatent les fuites
jeudi, 6 septembre 2007 / Laure Noualhat /

Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

Nos murs sont de vraies passoires à CO2. L’association Fondaterra investit les universités françaises.

« Avant de construire du neuf, rénovons les passoires énergétiques qui tiennent lieu de bâtiments publics et de logements.  » Cette remarque colle bien à la philosophie de Fondaterra, une plate-forme créée en 2004, qui regroupe établissements de recherche, ONG, entreprises et collectivités. « En matière de logement et d’efficacité énergétique, déplore Marie- Françoise Guyonnaud, sa déléguée générale, le débat n’en est encore qu’au stade du discours et de l’intention. » Fondaterra veut donc ruer dans les brancards.

Cible privilégiée : les universités, à commencer par 17 campus d’Ile-de-France. A l’échelle de la France, ces monstres de béton émettent à eux seuls 425 000 tonnes de CO2 par an. Pendant des années, la majorité de ces édifices se sont dégradés. Or, en moyenne, 100 000 m2 de bâtiments génèrent un million d’euros de dépenses énergétiques, notamment en électricité et en chauffage. La facture des campus franciliens s’élève ainsi à 25 millions d’euros. Plutôt salée.

L’initiative Campus ambitionne, selon les cas, de réduire de 10 à 40 % cette consommation énergétique. « Actuellement, quand il fait 25 degrés dans une salle de cours, les occupants ouvrent la fenêtre. ça va changer. » Vous voulez du concret ? En voici. La fac de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, avec ses 115 000 m2 de bâtiments, émet 4 500 tonnes de CO2 par an. Pour réduire de 1 000 tonnes ce bilan peu flatteur, elle engage des travaux du sol au plafond : changement des fenêtres, renouvellement des lampes, gestion énergétique centralisée des bâtiments, installation de panneaux photovoltaïques. Facture : 5 millions d’euros. Si de grandes facs ont les moyens, comme Orsay ou Villetaneuse, d’autres sont sans le sou. Fondaterra planche donc pour rétablir l’équilibre à travers des partenariats public-privé.

Autopartage entre étudiants

Concrètement, l’entreprise chargée des travaux finance ces derniers. De son côté, le campus, qui voit sa facture d’énergie fondre, rembourse les travaux en reversant à l’entreprise le gain financier ainsi réalisé. Fondaterra, qui ne s’arrête pas aux murs du campus, développe aussi des services orientés vers l’usager afin de l’aider à calculer ses besoins réels, au kilowattheure près. Elle ambitionne également de réduire les émissions liées aux déplacements de personnes au sein et en dehors du campus. Une plate-forme virtuelle, accessible par téléphone portable, agenda électronique ou ordinateur, permettra à terme aux 300 000 étudiants franciliens de s’organiser pour de l’autopartage ou du covoiturage. « Si 5 % d’entre eux profitent du service, ce seront quelques tonnes de CO2 évitées, avec un investissement minimum. » Enfin, Fondaterra a mis au point un module de formation adapté à ce qu’elle préconise. Dès la rentrée, une licence professionnelle « Rénovation, bâtiments passifs » sera proposée sur le campus de Saint-Quentin. Histoire de boucler la boucle.

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