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Le nucléaire sauvera-t-il la planète ? (suite)
dimanche, 22 juillet 2007
/ Walter Bouvais / Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net Suivez-moi sur twitter : @dobelioubi Mon blog Media Circus : Tant que dureront les médias jetables |
Premier point : la part du nucléaire dans la production d’énergie mondiale n’évoluera pas avant 2020, voire 2030. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), 2500 térawattheures d’électricité sont aujourd’hui produits grâce à l’atome dans le monde. Selon elle, ce chiffre devrait grimper à 3000 TWh en 2010 et rester à ce niveau jusqu’en 2030. Une autre agence, celle de l’énergie atomique (AIEA), dont l’une des missions est de promouvoir l’atome, table sur 3400 TWh en 2020 ; et sur 3400 à 4700 TWh en 2030.
A l’instar de James Lovelock, deux spécialistes, Benjamin Dessus, réputé « nucléosceptique » et Philippe Girard, un ancien du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) plutôt "nucléophile", ont pris leur calculette et imaginé deux scénarios. Le premier est baptisé Sunburn : l’atome est la solution universelle et devient une priorité internationale. On tapisse la planète de centrales.
Vingt-neuf nouveaux pays accèdent au nucléaire civil, la plupart aux alentours de 2020. Résultat : la production d’électricité nucléaire est multipliée par 3 en 2030. Dans le second scénario, Sunset, c’est le déclin : la production chute de moitié d’ici à 2030. Peu de pays accèdent au nucléaire civil et la vie des réacteurs existants est prolongée jusqu’au dernier souffle dans les pays équipés, comme la France et les Etats-Unis. Bilan : "S’il était intégralement appliqué, [le scénario Sunburn] permettrait d’éviter, en 2030, 9 % de l’ensemble des émissions de CO2 par rapport au scénario prévisionnel de l’AIE, mais seulement 2,9 % des émissions cumulées de 2006 à 2030 de ce même scénario", concluent les deux spécialistes.
La meilleure énergie : celle que nous ne dépensons pas
Or l’enjeu est là : pour éviter d’accélérer le changement climatique - qui est déjà en marche - les scientifiques soulignent qu’il faut réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre. Mais surtout qu’il faut le faire dès aujourd’hui. "Dans ces conditions, le nucléaire, qui répond aux seuls besoins en électricité, et non à l’ensemble des besoins en énergie, n’est pas LA solution. C’en est une pour produire de l’électricité dans certains pays riches. Mais la solution énergétique consiste à réduire la consommation", confie une ingénieure spécialiste du nucléaire.
Voilà pourquoi la filière nucléaire, Areva en tête, affûte ses arguments dès aujourd’hui. On l’a vu, la faiblesse de ses émissions de CO2 joue en sa faveur mais ne suffira pas. Et plusieurs interrogations subsistent : l’épineuse - et polémique - question des déchets ; la formation des équipes ; le risque de prolifération.
Enfin, la question du coût : "une centrale nucléaire, c’est un investissement sur quinze ans, explique Dominique Finon, directeur de recherche au CNRS. Pour se lancer, les banquiers veulent des garanties sur les prix. Or depuis la libéralisation des marchés occidentaux, l’évolution des prix de l’électricité est devenue incertaine. Dans ces conditions, les investisseurs préfèreront se tourner vers les centrales à gaz, moins coûteuses et plus faciles à rentabiliser." Le temps de répondre à ces questions, l’avenir du nucléaire ne se jouera vraisemblablement pas avant 2010-2020. Pendant ce temps, le changement climatique gagne du terrain.
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