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Moins belle la vie
jeudi, 19 juillet 2007 / Arnaud Gonzague

A qui ressemblera le travail en 2050 ? A une aventure créative, amusante et sympatoche ? Pas vraiment, à en croire L’Avenir du travail. Ames sensibles, s’abstenir.

Jacques Attali (dir.), L’Avenir du travail, Fayard-Institut Manpower, 156 p., 12 €

En 2050, « les actionnaires des grandes sociétés seront (…) de plus en plus volatils ; capricieux, déloyaux, indifférents aux exigences à long terme des entreprises ». En 2050, « la pénibilité du travail augmentera en proportion de l’exacerbation de la concurrence, de l’intensité du travail, de la surveillance des salariés ». En 2050, « des employeurs de prostitués aux dealers de drogue, les travailleurs criminels seront de plus en plus nombreux »… N’en jetez plus ! Serait-ce un livre écrit par les copains d‘Olivier Besancenot, prédisant l’apocalypse néo-libérale pour hâter la venue du Grand Soir ? Que nenni. L’Avenir du travail a été rédigé, sous la direction du placide Jacques Attali, par une poignée de chercheurs et hommes d’entreprises, dont le plus « gauchiste » doit être François Chérèque de la CFDT… Mais le fait est que ces messieurs ne font rien pour enjoliver le tableau.

Fugitifs à flux tendu

A les croire, demain, nous seront tous plus flexibles, plus précaires, plus stressés et plus nomades. Les entreprises, les produits, les hommes seront fugitifs, changeant sans cesse au nom d’impératifs immédiats, déménageant au gré des ressacs de l’économie, s’adaptant sans cesse à la demande. Un monde de flux tendu et de court terme. Une course en avant que, très franchement, on attend sans impatience…

On sait que l’emploi à vie est amené à disparaître. Ce qu’on sait moins – sauf à être vraiment pessimiste –, c’est que les Etats vont progressivement abandonner leurs prérogatives de solidarité, d’éducation et de santé au secteur privé. Que le temps partiel va exploser, que le travail de nuit va revenir, que nous serons tous des intermittents du spectacle et que les femmes continueront d’occuper les postes les moins cotés.

Et la France dans tout ça ? Au regard de ces évolutions, pas étonnant que nos prospectivistes la décrivent paresseuse, plutôt incompétente – « 12 % seulement des Français possèdent un diplôme d’enseignement surpérieur ; même la Hongrie et la Corée du sud font mieux » – et rigide. Nous sommes un pays de cigales dans un monde qui ressemble de plus en plus à une foumilière. D’aucuns plaideront la nécessité de devenir fourmi pour s’y adapter. C’est peut-être vrai. Mais on n’est pas obligé non plus de le faire avec le sourire. // Arnaud Gonzague

Le blog d’Arnaud Gonzague : http://luvuentendu.blogspot.com Le blog d’Arnaud Gonzague


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