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A la pêche aux consom’acteurs
mercredi, 20 juin 2007 / Simon Barthélémy , / Cire

Entreprises et ONG s’associent pour lancer des produits écologiquement corrects. Le label MSC garantit par exemple une gestion durable des ressources de la mer.

« Heureusement il y a Findus », rabachait la pub pour les poissons carrés. Force est de constater qu’Unilever, le groupe anglo-néerlandais, propriétaire de ces surgelés et premier acheteur mondial de produits de la mer, a décidé de préserver son fonds de commerce. En 1997, il a fondé avec le WWF le Marine Stewardship Council (MSC, Conseil de bonne gestion marine), calqué sur l’exemple du Forest stewardship council, créé en 1993 par des entreprises du bois et des ONG. Organisation indépendante, le MSC garantit à travers son nom des méthodes de pêche durables : la reproduction de l’espèce doit être assurée, des quotas stricts sont fixés là où une population a été surexploitée et la pêche doit préserver les écosystèmes. Le label MSC représente aujourd’hui 8% des volumes vendus dans le monde et vise les 15% d’ici 3 ans.

Stephan Beaucher, de Greenpeace juge la démarche louable, quoique perfectible : ce sont en effet les pêcheries (lieux de pêche) qui sont certifiées, et pas les entreprises qui y opèrent même si celles-ci pratiquent ailleurs une pêche prédatrice… A l’inverse, « les ligneurs de la Pointe de Bretagne, qui pêchent le bar de façon traditionnelle et respectueuse, ne sont pas éligibles au MSC car ils sont en concurrence avec des chalutiers pélagiques et l’état du stock n’est pas garanti », poursuit Stephan Beaucher. Mais il ne met pas en doute la fiabilité des produits MSC, contrairement aux labels « pêche responsable » mis en place par certains distributeurs : « Le summum est atteint par Intermarché, qui écrit son propre cahier des charges et paye Veritas pour vérifier qu’il l’applique… » Les Mousquetaires, qui possèdent la première flotte de pêche de France, avaient aussi été accusés par Greenpeace de pratiquer la pêche illicite par grands fonds.

« Nous avons besoin de garantir la pérennité des ressources, sinon nous ne vendrons plus de poisson », calcule de son côté Véronique Discours-Buhot, directrice développement durable de Carrefour. Aujourd’hui, leurs « produits engagement Qualité » représentent 24% des « achats Marée » de ses hypermarchés en France. Parmi eux, des cabillauds ou des flétans MSC, « qui ne peuvent toutefois satisfaire l’ensemble de la demande ». Paradoxe pour ce mammouth du privé, Carrefour a longtemps privilégié des filières de pêcheurs islandais, certifiés par les pouvoirs publics, et milite aujourd’hui pour des éco-labels contrôlés par l’Union européenne. Selon Véronique Discours-Buhot, les distributeurs ont aussi besoin des ONG pour appuyer « la crédibilité de démarches perçues comme mercantiles si nous les lançons seuls »… et toucher ainsi un consommateur désormais prêt à mettre de sa poche pour sauver la planète.

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