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La ville se rêve en Dongtan
jeudi, 10 mai 2007 / Cire , / Philippe Charles

D’ici à 2010, une ville 100 % développement durable devrait voir le jour, sur une île, au large de Shanghaï. Première d’une série pour les uns, vitrine de la Chine à l’étranger pour les autres.

Aujourd’hui, des marais et des champs de choux. Demain, la première « ville écologique » du monde. Loin d’être une utopie, Dongtan, située sur l’île de Chongming, en face de ShanghaÏ, est un projet pilote colossal destiné à servir de modèle. D’ici trente ans, la Chine devra en effet bâtir à tout-va pour absorber les quelque 400 millions de travailleurs ruraux qui déferleront en ville. Le coût de l’opération s’élève officiellement à 1,3 milliard de dollars, mais la facture dépassera probablement la barre des 10 milliards.

Sur le papier, le projet a de quoi séduire : Dongtan fait une large place aux énergies renouvelables, entre l’éolien des vents marins et le solaire, chaque immeuble devant être équipé de panneaux à cellules photovoltaïques. Quant à l’air, il devrait être de bien meilleure qualité que partout ailleurs en Chine. Et pour cause : voitures à diesel et essence seront bannies du centre-ville. En contrepartie, un habitant n’aura pas plus de 7 minutes de marche à effectuer pour attraper un bus ou un tramway. Les bâtiments, mieux isolés, devraient consommer 70 % d’énergie en moins qu’à ShanghaÏ. En outre, 80% des déchets solides seront recyclés et les ordures ménagères serviront de combustible pour produire de l’électricité.

Déplacer la pollution

La liste des innovations est encore longue. Restent pourtant des interrogations. Repousser l’industrie hors les murs, n’est-ce pas déplacer la pollution ? Par ailleurs, qui élira domicile à Dongtan ? Si les responsables du projet assurent que la ville accueillera 20 % de logements à loyer modéré, quid des 80 % restants ? « Pour que le projet soit rentable, les logements seront vendus à prix d’or », estime Jean-Jacques Lanzo, architecte au cabinet Jplanning de Pékin. Et à quoi sert une ville écolo si les comportements ne suivent pas ? Pour Thierry Devillier, directeur du Centre de formation franco-chinois aux métiers de l’énergie, le projet n’aura qu’un impact local.

« L’argent public serait sans doute plus utile si l’Etat lançait une campagne à la télévision pour inciter les gens à fermer leurs portes et à éteindre l’électricité », assure t-il. La Chine, premier pays émetteur mondial de dioxyde de soufre, se trompe-t-elle de combat ? En tous cas, avec Dongtan, elle pourra montrer à la face du monde qu’elle se préoccupe du changement climatique et du développement durable au moment même où se tiendra l’exposition universelle de Shanghaï…

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