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Vite, des immigrés !
jeudi, 3 mai 2007

Les discours simplistes ou simplets sur l’immigration, qui font la fortune électorale de l’extrême droite et de la droite, mériteraient d’être discutés avec sérieux. A cet égard, un nouveau rapport établi par la Division de la population de l’ONU, apporte des précisions utiles.

(Par José Ferré, bloggueur)

Les discours simplistes ou simplets sur l’immigration, qui font la fortune électorale de l’extrême droite et de la droite, mériteraient d’être discutés avec sérieux. A cet égard, un nouveau rapport établi par la Division de la population de l’ONU, apporte des précisions utiles.

Intitulé Migration de remplacement : est-ce une solution pour les populations en déclin et vieillissantes ?, ce rapport met en avant le concept de migration de remplacement, qui correspond à la migration internationale dont un pays aurait besoin pour éviter le déclin et le vieillissement de la population, résultant des taux bas de fécondité et de mortalité.

Les projections des Nations Unies indiquent que, entre 1995 et 2050, la population du Japon ainsi que celles de l’essentiel des pays d’Europe va probablement diminuer.

Dans de nombreux cas, comprenant l’Estonie, la Bulgarie et l’Italie, des pays vont perdre entre un quart et un tiers de leur population. Le vieillissement de la population sera généralisé, élevant l’age médian de la population à des hauts niveaux sans précédents historiques.

En Italie, par exemple, l’âge médian augmentera de 41 ans en 2000 à 53 ans en 2050. Le nombre de personnes en âge de travailler (15-64 ans) par personne de plus de 65 ans, diminuera souvent de moitié, de 4 ou 5 à 2.

Le rapport se concentre sur ces deux tendances remarquables et cruciales, et examine en détail le cas de huit pays à basse fécondité (Allemagne, Etats-Unis, Fédération de Russie, France, Italie, Japon, République de Corée et Royaume-Uni) et deux régions (Europe et Union Européenne). Dans chaque cas on considère différents scénarios pour la période 1995-2050, en mettant en relief l’impact que différents niveaux d’immigration auraient sur la taille et le vieillissement de la population.

Pour l’Union Européenne, une continuation des niveaux d’immigration observés dans les années 1990 suffirait à peu près à éviter une diminution de la population totale, tandis que pour l’Europe dans son ensemble, il faudrait deux fois le niveau d’immigration observé dans les années 1990.

A l’inverse de l’Allemagne ou de l’Italie, la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis pourraient conserver leur nombre d’habitants avec moins d’immigrants que ce qu’ils ont reçu dans le passé récent.

En revanche, les nombres d’immigrants nécessaires pour éviter les déclins de la population en âge de travailler et un vieillissement global sont plus grands que ceux nécessaires pour éviter les déclins de la population totale.

Dans quelques cas, comme ceux de la République de Corée, de la France, du Royaume-Uni ou des Etats-Unis, ils sont de deux à quatre fois plus grands. Si de tels flux d’immigrants se produisaient, les immigrants d’après 1995 et leurs descendants constitueraient une fraction impressionnante de la population totale en 2050 – entre 30 et 39 % dans le cas du Japon, de l’Allemagne et de l’Italie (qui devraient accueillir entre 400.000 et 500.000 immigrés par an d’ici 2050 pour maintenir leur niveau de population).

Maintenir à leurs niveaux les rapports de support potentiel (rapport entre les actifs et les inactifs) demanderait dans tous les cas des volumes d’immigration sans aucune commune mesure avec l’expérience passée et avec ce que l’on peut raisonnablement attendre.

En l’absence d’immigration, on pourrait maintenir à leurs niveaux actuels les rapports de support potentiel en augmentant la limite supérieure de l’âge actif à environ 75 ans.

Le rapport conclut en soulignant que les nouveaux défis posés par des populations en déclin et vieillissantes exigeront le réexamen fondamental des politiques et des programmes établis, avec une perspective à long terme. Le rapport invite notamment les Etats à examiner les questions cruciales suivantes :

- les âges appropriés pour la retraite ;
- les niveaux, types et natures des prestations de retraite et de soins de santé pour les personnes âgées ;
- la participation à l’activité économique ;
- les montants des contributions des travailleurs et des employeurs pour financer les retraites et soins de santé des retraités ;
- les politiques et programmes ayant trait aux migrations internationales, en particulier aux migrations de remplacement et à l’intégration de grands nombres d’immigrants récents et de leurs descendants.

Alors, on vire les immigrés ? On les contingente ? On les choisit ? Et sur quelles bases ?